Deux semaines au nord du Laos – Novembre 2018

Il est 18h ce dimanche 18 Novembre. J’ai quitté Momo et le centre d’Hanoï au Vietnam. Je suis à une station de bus, prête à monter dans un sleeping bus pour environ 24 heures de route… Autant vous dire que ça a été les 24 heures les plus longues de ma vie ! Il faut être patient … on a voyagé de nuit au Vietnam, allant plus au sud pour passer la frontière avec le Laos au petit matin. Après quelques papiers administratifs pour quitter le Vietnam et entrer au Laos, $30 + $1 pour un don au ministère de la Culture (don obligatoire entre 7h et 9h, il est 7h30…). Je découvre mes premiers paysages laotiens derrière la vitre du bus dans une position mi-assise/mi-couchée (après 12 heures de bus ça en devient très inconfortable). Mais je me régale avec les yeux, on est sur une route de montagne (ça balance un peu). Et après quelques pauses pipi/caca/bouchons (pour les laotiens, je précise), il est 19h10 quand on arrive à Luang Prabang. Il faut encore prendre un tuk-tuk pour rejoindre le centre et mon auberge. Je savoure la douche et n’ayant pas grand-chose dans le ventre, je savoure aussi mes nouilles ce soir – et ma bière car enfin mon trip au Laos peut commencer !

Luang Prabang

Et après une vraie nuit dans un vrai lit, je pars déambuler dans Luang Prabang. Pour éviter la foule, je vais de bonne heure au Palais Royal. Le centre de Luang Prabang est traversé par une grande avenue. Au milieu se trouve le Palais Royal avec le Vat Haw Pha Bang dans la même cour. [Vat vient de wat = école. Un wat est un monastère et une école bouddhiste avec des moines résidents. Spécifique au Cambodge, Laos et Thaïlande – Vat est utilisé seulement au Laos]. Je continue mon chemin pour aller visiter le TAEC (Traditional Arts & Ethnology centre) qui présente les quatre principales ethnies du Laos (Akha, (H)mong, Tai Dam, and Kmhmu). Puis le soleil fait son apparition en même temps que je gravis la colline Phou Si – 100m au-dessus de la ville avec vue sur Luang Prabang bordée par le Mékong. A midi, il fait vraiment chaud, et tout comme mon estomac, j’ai besoin d’une pause. Je vais au bout de la péninsule pour me restaurer avec un « Khao piak sen» une soupe de nouilles de riz qui fait partie de la cuisine traditionnelle laotienne. Et voulant imiter un laotien, je rajoute un petit quelque chose dans ma soupe … grave erreur … c’était du chili !! Je sue ! J’ai ma Beerlao – enfin là aussi j’ai été un peu surprise : ma première bière en bouteille au Laos, bouteille de … 635 mL ! Autant dire qu’à midi, au soleil, elle tape un peu. Un peu plus lentement, je continue à faire le tour de la péninsule. Une dernière visite du plus célèbre Vat de Luang Prabang, le Vat Xieng Thong, avec de magnifiques ornementations et mosaïques. Ma journée s’achève avec un coucher de soleil sur le Mékong et un repérage au marché de nuit où on y trouve de belles créations et tissus artisanaux.

Le lendemain matin je passe par le marché, cette fois ce sont des étals de légumes, poissons, viandes, etc. Puis je me rends pour la journée aux chutes d’eau de Tad Kuang Si (une heure de route cabossée depuis Luang Prabang). Par cette chaleur, je ne suis malheureusement pas la seule à avoir eu cette idée. Mais malgré l’affluence, la magie du lieu opère avec les rayons du soleil sur cette eau turquoise. Plusieurs bassins et chutes d’eau pour arriver au clou du spectacle : une énorme cascade. Belle découverte et de quoi se rafraichir. De nouveau à Luang Prabang, ce soir-là c’est cinéma en plein air avec le film Chang (film de 1927) puis emplettes au marché de nuit.

Avant de partir de Luang Prabang, je ne peux pas louper le Tak Bat, la procession des moines pour collecter les aumônes, il faut se lever vers 5h30 pour pouvoir y assister. Cette journée va donc être très longue. Car à 7h, je prends un bus pour Luang Namtha, et là l’aventure commence. Il y a d’abord 8 heures de bus, sur route cabossée (comme la plupart des routes au Laos). Donc impossible de dormir ou lire pour passer le temps, et il fait chaud ! Comme les trois français et le couple de polonais qui sont avec moi, je vais à Luang Namtha pour trouver un trek de 2 ou 3 jours. C’est réputé pour. Mais la polonaise, Jeanette, est convaincue qu’à Muang Sing, 60km au nord de Luang Namtha, les treks sont mieux et plus authentiques. Il est déjà 16h une fois à Luang Namtha et plus de bus pour Muang Sing. Obstinée, Jeanette négocie un tuk-tuk pour nous six. C’est partie donc pour encore deux heures de tuk-tuk – histoire d’achever nos fesses. Il est 19h30, une fois arrivée il faut trouver un endroit où dormir. On déchante vite, c’est jour de festival, tous les chinois ont pris d’assaut les lits de la ville. On frappe à toutes les portes, c’est non. Finalement après quelques allers-retours dans l’avenue principale, on trouve un toit pour la nuit. Mourant de faim, on dine au marché de nuit mais on n’en saura pas plus pour le trek …

Trek à Muang Sing

Le lendemain matin, 8h, ouverture de l’office du tourisme. C’est toujours Jeannette qui négocie le trek et le prix. J’apprends aussi de mes erreurs de voyage : mieux vaut avoir beaucoup de cash que de compter sur sa carte bancaire – à Muang Sing, pas un distributeur ne veut de ma carte. Heureusement Nathan, un des trois français, me fait confiance et m’avance 100€. A 9h30 on décolle… en tuk-tuk. Comme on a du retard on ne marche pas tout de suite (enfin de toute la matinée…). On fait différentes haltes dans différents villages. 1ère halte : découverte de la fabrique de feuille de riz (+ dégustation) ; 2ème halte : découverte d’une distillerie artisanale du whisky laotien, le lao-lao (+ dégustation) ; 3ème halte : atelier tissage, mais on n’apprendra rien, personne n’est là pour nous montrer ; 4ème halte : achat souvenir.

C’est donc en début d’après-midi que le trek commence vraiment. On traverse école, villages Akhas [les Akhas sont un peuple montagnard originaire de la Chine qui émigrèrent au milieu du XIXème siècle au Vietnam et au Laos puis en Thaïlande et Birmanie. Leur maisons sont construites sur pilotis, en bambou avec souvent une terrasse pour faire sécher le riz. Et à chaque sortie de village se trouve une balançoire pour les demandes de mariage officielles]. On passe aussi par des champs de cannes à sucre, rizières, rivières, plantation de caoutchouc (Ah c’est ça la mauvaise odeur qui nous suit depuis Muang Sing !) et nous voilà à Houayla, le village où l’on va passer notre première nuit. Avant le diner on se promène dans le village. Mong (notre guide) nous invite à partager un lao-lao près du feu avec quelques hommes du village devant la supérette du village. « Tomaté » (pas sur de l’orthographe..) = santé en Akha (ça peut toujours servir !). Voici l’heure de diner, assis en tailleur autour d’une table en rond, on picore entre riz, légumes et porc. Puis notre hutte se remplit, les jeunes, les moins jeunes viennent nous voir et la soirée s’anime. Massage akha puis cinq petites filles en costume  traditionnelle Akha viennent chanter.

2ème jour de trek, cette fois on démarre tôt la randonnée. Notre guide ne connaissant pas le chemin pour le prochain village, Amé et sa machette nous accompagne. La matinée se passe surtout en forêt, ça grimpe gentiment, on est bercé par les blagues de Mong. Pause déjeuner fait de riz gluant, porc et maquereaux en boite. Et puis les galères commencent : la terre rouge en forêt, ça glisse en descente ; puis une forêt tropicale sans vraiment de chemins, on grimpe entre ronces et arbustes (certains perdent le sourire). La vue est magnifique au sommet (on peut de loin deviner la frontière avec la Chine). Courte pause pour enlever les sangsues, on ne traine pas, on n’est pas arrivé. Puis on perd Amé et Mong nous perd. Grâce au téléphone laotien (un cri) on retrouve Amé et le chemin. On redescend, maintenant le chemin est escarpé et glissant, tout le monde chute ! Mais tout finit bien avant la nuit et à 17h nous voilà au village, plus isolé. C’est donc l’heure de l’apéro, pas de Lao-Lao mais les araignées grillées récolté par Mong et Amé ce matin. Encore une très bonne soirée entre diner copieux, massage et lao-lao avec le chef du village mais malheureusement on n’arrivera pas à tester l’opium avec le père de famille (on est sur l’ancienne route de l’opium).

3ème jour de trek, ce matin c’est un peu compliqué pour mes intestins… Pas le choix, c’est reparti pour quelques heures de randonnées mais la journée est beaucoup plus tranquille, ça descend ! Il fait très chaud une fois sorti de la forêt, on apprécie donc notre bière bien fraîche à l’arrivée ! On est ravi de ce trek, beaux moments partagés tous les six. Alors on continue ensemble jusqu’au soir, on court après un bus pour Luang Namtha où on passe la nuit dans une guesthouse à la douche et au lit très appréciable ! On part diner au marché de nuit en essayant de trouver une alternative au riz gluant ! Je quitte les garçons ici, ils vont dans le sud, je vais au nord-est. Ravie d’avoir fait ce trek avec eux, ils m’auront bien fait rire durant ces trois jours !

Nong Khiaw

Ce lundi matin, je reprends la route pour Nong Khiaw – « seulement » 6h30 de bus, moins agitée, je peux me reposer. Arrivée à 14h30, à peine posé mes affaires dans la seule auberge de jeunesse de la ville, je ressors profiter du soleil. J’erre dans la ville qui est séparé par la rivière Nam Ou et entourée de montagne karstique (un petit air de Ninh Binh au Vietnam). Je dine le soir un des meilleurs plats du Laos : un laop de poulet avec sticky rice. Et pas encore lassée de marcher, le lendemain matin je grimpe au point de vue de la « Femme endormie » : 400m de dénivelé, à 10h, j’ai la vue sur Nong Khiaw et les à-pics karstique rien que pour moi. J’entends les coqs, les enfants et les motos, mais loin de l’agitation de la ville, le paysage est grandiose. 12h30 en bas, j’ai trois heures pour reprendre des forces avant de repartir pour un deuxième point de vue (400m de dénivelé également sur 1,8km). Célèbre pour un beau coucher de soleil avec vue, je ne suis donc pas seule au sommet de Pha Daeng. Mais je dois avouer que la vue à 360° avec les couleurs du soleil couchant, « ça en jette » ! Je retrouve deux françaises au sommet dont Clara que j’ai croisé dans le bus le matin même. On finit la soirée toutes les trois au restaurant !

Muang Ngoi Neua

Après une deuxième nuit à l’auberge, je prends une pirogue, colorée, sur la rivière Nam Ou pour rejoindre un petit village, Muang Ngoi Neua qui n’est accessible qu’en bateau. Je suis accompagnée de beaucoup de français(e)s ! Je n’ai jamais croisé autant de français qu’au Laos. On fait rapidement le « tour » de la seule rue du village. Et quatre d’entre nous décidons de nous promener entre chemins, rizières et ruisseaux pour aller voir d’autres plus petits villages reculés dans les terres. Ban Na est un de ces petits villages où règnent tranquillité et authenticité. Les maisons sont en bois et bambous. Quelques tisserands sur notre chemin. De retour à Muang Ngoi Neua, le soir même nous dinons entre français (non non on n’est pas chauvin) avec pour dessert : banane flambée au lao-lao ! Le lendemain matin nous profitons de la matinée avant d’embarquer sur un kayak avec Clara pour retourner à Nong Khiaw. Le retour est donc plus sportif, plus lent, on a le temps de profiter de la vue. Nous passons la soirée ensemble avant de se séparer le lendemain. Elle continue son aventure à Luang Prabang, je pars en direction de Vientiane en bus de nuit. Bus beaucoup moins confortable qu’au Vietnam, avec couchette deux personnes. Avec 90% de laotiens (majoritairement des hommes) et 10% de touristes je suis contente de passer la nuit au côté d’une turque en voyage.

Vientiane

On arrive au petit matin à la capitale. Je ne sais pas si c’est la ville, les grosses journées qui s’accumulent ou l’odeur de fin de voyage, mais je ne suis pas bien motivée à visiter Vientiane. Je me balade dans la ville, passant devant quelques incontournables (des vats, le Palais Présidentiel, le temple Si Muang, Patuxai – arc de triomphe laotien), un peu de shopping (dépenser mes derniers Kip). Je visite le petit musée de la COPE (Cooperative Orthotic & Prosthetic Entreprise) qui vient en aide aux personnes à la mobilité réduite. On apprend beaucoup de choses sur les prothèses et leur fabrication mais aussi sur les nombreuses bombes disséminées au Laos suite à la guerre du Vietnam. Malheureusement beaucoup ne sont pas déminées et continuent d’exploser. Finalement la journée sera bien chargée et je la finis au bord du Mékong pour voir mon dernier coucher de soleil au Laos, soleil se couchant sur la Thaïlande. Au petit matin je m’offre un petit-dèj’ français (une bonne baguette !!) et il est temps de prendre mes affaires. Je pars en tuk-tuk avec d’autres touristes à la gare de Thanalang pour passer l’immigration laotienne. On traverse la frontière en train, et 15 minutes plus tard nous voilà en Thaïlande. Je reprends un train pour la nuit au confort +++ : couchettes privées, propres, confinées, parfait pour 12 heures de train avant d’arriver à Bangkok. C’est là que s’achève ce merveilleux trip en Asie. J’y reste deux nuits avant de reprendre l’avion pour la Nouvelle Zélande et y finir l’année 2018.

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