Avant de partir en Nouvelle-Zélande en 2017, je n’avais jamais envisagé la Tasmanie comme une île de l’Australie. Petite, j’ai toujours cru à un pays imaginaire d’où provenait le « diable de Tasmanie » le personnage des Looney Tunes, Taz ce gros sanglier (c’est l’image que j’en ai) qui dévaste tout sur son passage – petit extrait sonore de Taz pour vous permettre de mieux l’identifier !! La Tasmanie : ça sonne comme un pays lointain. Et c’est loin de la France. Mais à une heure d’avion depuis Melbourne. Après une semaine sur les routes, on quitte donc Melbourne pour se rendre en Tasmanie. Nous atterrissons à Launceston, la deuxième plus grosse ville de Tasmanie après Hobart, capitale de l’Etat. On aurait pu y aller en ferry mais c’est beaucoup plus long (neuf heures) et plus cher.
Le père de Dean, Bruce (néo-zélandais) est venu s’y installer il y a quarante ans. De nombreux néo-zélandais partent s’installer en Australie, leur passeport leur permettant de travailler librement outre-mer. J’ai beaucoup entendu dire que la Tasmanie ressemblait à la Nouvelle-Zélande. Je crois que c’est surtout pour le climat, car il fait beaucoup moins chaud qu’ailleurs en Australie. Alors qu’ici on allume le feu de cheminée et on s’habille chaudement le soir, à Brisbane ou Perth il fait plus de 20°C l’hiver… On va rester trois semaines ! Son père habite au nord de Launceston, à Hillwood. Le principal inconvénient c’est que je n’ai pas de voiture pour vadrouiller pendant que Dean aide son père. Et pas question de conduire le gros 4×4 de Bruce. Je l’ai déjà abimé rien qu’en le lavant… car il nous l’a prêté pour un road trip de cinq jours !
Hillwood / Arthur River (Côte ouest) – 300 km
Cinq jours pour faire le tour de la Tasmanie c’est (trop) court. L’île fait 68 401 km² (taille de la région Auvergne/Rhône Alpes, 69 711 km² pour référence). Mais comme on n’a pas plus de temps (Dean doit réparer un bulldozer), c’est déjà un bel aperçu. On démarre par le nord-ouest. On passe le « Batman Bridge » – célèbre car c’est le premier pont à haubans d’Australie. On va à Devonport pour retrouver la mer. Comme à nos habitudes nous essayons de la longer le plus possible. Il fait grand beau, musique country à fond avec magnifiques paysages de bord de mer. On passe le village de Penguin – dommage que l’on ne dort pas là, je rêve de voir des pingouins bleus. Puis Burnie et Wynyard, deux villes portuaires. On passe par les champs avec vue depuis le haut des falaises avant de redescendre sur deux petites plages de sable blanc et de roches à Boat Harbour Beach. Il est déjà 16h30 quand on est à Smithton. Un jeune du coin nous déconseille d’aller jusqu’à la pointe tout au nord/ouest car ce ne sont que des chemins en gravier sur des propriétés privées. On abandonne et allons sur la côte ouest juste à l’heure du coucher de soleil. On trouve un hébergement au dernier moment, sans jamais rencontrer les propriétaires (tout se fait sur internet maintenant…). On va au pub du coin qui nous oblige à prendre la voiture de nuit. Et comment finir la journée en beauté sur le chemin du retour : des Walibis sautant sur la route et juste devant nous, un diable de Tasmanie !! Bon c’est allé vite mais j’en ai vu un ! Rien à voir avec les Looney Tunes… Une petite boule noire court sur pâtes, pas très mignon. Je ne pouvais pas partir sans en avoir vu un.
Arthur River / Strahan – 200 km
Malheureusement ça sera le seul comme ça vit la nuit. J’en verrai beaucoup le lendemain en dessin sur les nombreux panneaux « Tassie Devils endangered ». Ce matin on prend la route, un peu trop sur de nous. On se retrouve seul au milieu de la campagne tasmanienne, sur 80 km de route en gravier. Heureusement que l’on a le 4×4 de Bruce et Dean est un bon chauffeur. Après 1h30 bien secoué, nous arrivons à Corinna. Une vieille ville datant de la fin du XIXème siècle, peuplé d’environ 700 personnes, principalement des chercheurs d’or, puis abandonné au milieu du XXème siècle. Aujourd’hui, cette ville est désertique mais les maisons d’époque sont intactes. On marche un moment dans la forêt le long de la rivière (on ne trouvera pas d’or, ils ont tout pillé !). Il faut prendre une barge pour rejoindre la rive droite. On passe Zeehan, une bien triste ville minière, qui en ce jour dominical est déserté. Même pas une bakery ouverte car on meurt de faim. C’est à Strahan, notre point de chute pour le soir, que nous trouvons de quoi déjeuner près du port. Petite ville balnéaire, elle a beaucoup de charme. Le long de la rivière et près de l’océan, on profite du coucher de soleil sur l’eau. Notre motel ce soir fait face à la rivière et à une ancienne gare. Notre chambre est à deux pas du pub où l’on passe la soirée. Il y a du monde ce soir ! Et pour la première fois, on craque sur les machines à sous. Comme en Nouvelle-Zélande, il y a des machines à sous dans de nombreux bars. Je trouve ça très dangereux quand on pense à toutes les personnes dépendantes aux jeux d’argents. Mais pour nous c’est l’occasion de passer une bonne soirée (bon on n’a rien gagné, mais rien perdu !!).
Strahan / Orford (East Coast) – 376 km
En ce troisième jour de road trip, il ne fait pas beau et les températures sont bien descendues. Et beaucoup de route nous attend puisqu’on traverse la Tasmanie d’Ouest en Est. Et ça tourne pas mal ! Dès le début, on rejoint Queenstown, une ville minière dont la nature autour a subi les sévices de l’homme (entre la mine et les produits chimiques, plus rien ne pousse !). Le long de ces 301km (Strahan/Hobart), beaucoup de lacs. Nous les verrons de loin, entre le peu de temps et le mauvais temps, on ne s’arrête pas. On arrive à Hobart dans l’après-midi et nous revoilà sur les grands axes, le trafic, le monde. La côte Est est plus peuplée que la côte Ouest. Comme on est là, autant en profiter et on s’arrête une petite heure au centre ville où je retiens principalement le port et les beaux immeubles autour. On arrive à sortir plutôt facilement du centre pour aller au nord. On passe Sorell (pensée à ma professeure de mathématique du même nom qui m’a marqué !!) pour passer la nuit à Orford dans l’hôtel le plus miteux (et le moins cher) qu’on est fait !
Orford / St Helens – 250 km
Le lendemain, nous remontons la côte. Beaucoup plus sec que la côte Ouest, on retrouve les champs marron. Mais c’est ici que l’on a vu le plus d’exploitations agricoles et viticoles. On a 115km jusqu’à Coles Bay dans le Parc National de Freycinet. Coles Bay c’est le seul village du parc. Le lieu est vraiment beau avec vue sur les sommets au milieu de la mer (Mont Graham 579m, Mont Freycinet 620m). Avec plages de cailloux, ciel bleu et soleil, le cadre est idéal pour un très bon fish & chips tenu par un couple de personnes déjà bien âgées (je recommande l’adresse !). On prend des forces car on va jusqu’au point de vue de la Wineglass Bay classée comme l’une des dix plus belles plages du monde. Cela reste subjectif mai c’est vrai que par sa situation géographique, elle est préservée des touristes et le contraste entre le sable blanc, la végétation, la mer et le granite rose lui donne beaucoup de cachet. Bon la montée n’est pas si raide et on arrive rapidement au point de vue. On est en saison basse et on n’est malheureusement pas tout seul. C’est un incontournable de la Tasmanie. Par contre ce n’est pas donné, $12/personne pour l’entrée au parc… il n’y a pas de gardien on ne paie que $12 pour le geste. Il y a beaucoup à faire et à voir dans ce parc, on peut facilement y passer la nuit. Nous on doit avancer, on s’arrête seulement au phare du cap Tourville d’où on a une deuxième superbe vue sur le parc de Freycinet depuis les côtes. On décide de ne pas rentrer ce soir et de profiter d’un jour de plus sur les routes. On continue au nord, jusqu’à St Helens où l’on passera la nuit.
St Helens / Bay of Fires / Hillwood – 250 km
Et avant de rentrer, nous faisons un détour par la Bay of Fires. Non, elle ne porte pas ce nom parce qu’elle est en feu, non plus pour ses fameuses roches orangées (comme je le croyais). C’est à la suite de l’arrivée par la mer du capitaine Tobias Furneaux en 1773 où il a vu plusieurs feux provenant des aborigènes. La baie s’étend depuis la baie de Binalong au sud jusqu’à Eddystone Point au nord, environ 50km. Il y a là encore différents points de vue, tous aussi beaux malgré la pluie et le vent, entre les rochers rouge/orangés, les plages de sable blanc, la mer. Un petit wombat (ressemblant à un petit ourson poilu) dans le pré (mon premier !). On retourne sur nos pas pour reprendre la route direction l’ouest et le nord de Launceston. Une cascade en chemin – qui rappelle vraiment la Nouvelle-Zélande – et une fromagerie mais qui malheureusement ne vend pas du comté ou du morbier mais du cheddar (au prix d’un foie gras !!). Et voilà, encore quelques kilomètres et nous voilà rentrés. Le feu est allumé, on se pose au chaud chez Bruce.
Hillwood
On reste encore une dizaine de jours chez lui. L’occasion pour moi de courir tous les jours. Je sais que je suis bien en Australie, entre les Kangourous/walibis (je ne sais pas faire la différence) morts en bord de route ou vivant sautant dans les jardins. Plutôt exotique. Il y a quelques exploitations agricoles dans son quartier, vergers, vignes, production de fraises. Je prends le temps de visiter Launceston, le centre ville avec quelques sympathiques boutiques, dont une belle librairie, pas le choix je dois lire en anglais ! Je me promène à la « Cataract Gorge » qui se trouve à 15 minutes du centre ville avec son télésiège d’époque. Et voilà, après trois semaines, le bulldozer est réparé, j’ai pu avoir un premier aperçu de la Tasmanie (Dean avait déjà passé une année ici). C’est peut-être à refaire en été pour profiter des lacs et de la mer. Et en voir encore plus (Cradle Mountain, les lacs du centre ou encore la péninsule de Tasman…). Mais nous on s’arrête là pour cette fois, on laisse le froid derrière nous pour prendre l’avion direction … Brisbane !!
Coucou Mathilde,
comme d’hab., un beau reportage sur une île où nous n’irons sans doute jamais!
Merci de nous faire partager ces beaux endroits, bonne continuation et gros bisous des Boubous d’Avanne, sans oublier Dean.