Mardi 12 juillet 2022

Il est 8h30 ce matin quand je quitte mes parents. Un dernier check pour voir si j’ai tout. Place aux au revoir, émouvant. J’avais la même sensation il y a 5 ans pour mon départ en Nouvelle-Zélande. Le plus dur c’est de partir, je sais ce que je laisse, je ne sais pas ce qui m’attend. J’ai repoussé le départ de 5 jours mais cette fois il faut y aller. Laisser les peurs, les appréhensions derrière moi et laisser place à l’excitation du voyage qui débute.

Déjà, je connais les 20 premiers kilomètres que j’ai parcourus peu de temps avant avec Delphine pour aller au travail. Direction Lyon donc, puis Villeurbanne pour retrouver la Via Rhona. Passage près du barrage de Jonas. Je ne suis pas parti loin que je découvre déjà des choses. Pour un premier jour sans entraînement, je me surprends : 94 km ! Ok c’est plat entre la via rhôna et la voie verte des balcons du Dauphiné (top cette dernière !). J’arrive morte au camping municipal de Morestel.

Le lendemain ne se passera pas aussi bien. En plus d’une grande difficulté à plier mon matelas gonflable, de casser l’embout d’une chambre à air, je crève sur la roue arrière sur la Via Rhona à peine 20 km de fait ! Je retombe sur deux femmes très gentilles qui veulent m’aider mais qui m’avouent ne rien y connaître. Et suivant leur conseil, peut-être qu’en regonflant ça peut le faire…malheureusement non…à l’ombre je redémonte ma roue une deuxième fois, je check ma chambre à air, pas de trou. Je n’arrive pas à le voir. Je remonte tout, je roule, je vois bien que mon pneu se dégonfle. Alors je gonfle jusqu’à trouver un camping où un vieux monsieur me trouve une bassine d’eau, il m’aide, on trouve le petit trou. À la fin il me demande si j’ai déjà changé une roue… d’habitude il y a mon papa…(pour info, maintenant je suis une pro!). Leçon à retenir : ne pas s’évertuer à réparer une chambre à air mais prendre celle de rechange et réparer le soir !! Bon j’apprends sur le tas ! Allez maintenant c’est pas tout mais j’ai rien roulé et il est déjà midi passé ! Hop j’essaie de couper un peu, la Via Rhona fait trop de détour. Pas sûr que ce soit le bon plan, il y a un peu de dénivelé. Et il fait chaud ! Mais je veux arriver chez Claire et Rémi, des amis habitants Albens, ce soir. Challenge accepté, je pédale et me voilà devant ce mur ! Non c’est une montagne. Il n’y a “plus” qu’à monter le col de la Chambotte… 5km, 400m de dénivelé positif. C’est dans la tête ! À raison de 4 pauses et une moyenne de 6km/h, j’arrive au col au bout d’1h30! Un peu fière, maintenant je savoure la descente ! Je reste 3 nuits chez mes amis, toujours aussi bien reçue! Belle soirée ce soir, un petit feu d’artifice au loin mais surtout un super lever de lune derrière les montagnes!!

Après un 14 juillet férié (donc pas de vélo), dès le vendredi je remonte en selle, cette fois sans sacoches et accompagné de Rémi. Au programme : le tour du lac du Bourget. 67km avec quelques “côtes” (col de la Chambotte, 2eme fois mais dans l’autre sens). Le tour est costaud mais on a de superbes vues tout le long et surtout des vues d’en haut incroyables. Heureusement, une glace et une baignade à mi parcours vers Bourget nous redonneront de l’énergie. Rassasiés le soir nous retrouvons Claire à là plage de Châtillon pour un dîner avec vue sur lac (on ne s’en lasse pas !). Pour rentrer, la Chambotte une troisième fois ! Non cette fois en voiture, ouf.

Je les quitte le samedi matin pour ne faire que quelques kilomètres et retrouver ma cousine Caroline et ses parents Dominique et Solange à Rumilly. Weekend détente, barbec’, piscine et un peu de réparation sur le vélo (merci Dom!). 

Je repars le lundi pour Annecy retrouver Morgane, dernière étape amicale. Pour ceux qui suivent, c’est avec Momo que j’ai visité le Vietnam il y a 4 ans. Je passe l’après midi avec Momo et là soirée avec Lucas. Ça m’a fait très plaisir de les voir.

Je quitte Annecy tôt mardi matin, laissant Momo et Lulu dans les travaux de leur nouvel appartement. Prochain objectif : le col du Petit-Saint-Bernard. Il me faudra 2 jours et demi pour atteindre l’Italie. Heureusement que je fais de belles rencontres sur la route, Denis m’a remis sur le droit chemin, après Albertville je pensais aller sur Beaufort, il m’a déconseillé (à moins de vouloir faire un col de plus). Allez sur Moutiers. Conseil suivi. Une nuit à Aigueblanche puis je repars. Déjà 40km pour aller à Bourg Saint Maurice avec une pause rafraîchissante à Aime-la-Plagne, à la base de loisirs. Pas mal de vélos le long de la nationale (pas top top) mais une partie le long de l’Isère. Quelques gouttes pour rafraîchir. Puis voilà Seez, départ de l’étape du Tour de France pour Rosière. C’est exactement ce que je veux faire, atteindre le camping la Forêt à Rosière. Le record à battre est de 40 minutes pour faire les 15km et les 800m de dénivelé, autant dire que je ne suis pas prête pour le tour de France… ce fut les 15km les plus longs de ma vie!! J’ai eu le temps de (beaucoup) penser, chanter, avoir mal aux fesses, mal de partout en fait. Mais j’ai avancé, très lentement, mais avancé quand même. Et puis comme le dénivelé ne suffit pas, on rajoute la pluie et la grêle. Alors que j’aurais pu m’y préparer car ça grondait dans les montagnes autour, je préfère me faire surprendre. Je suis déjà trempée avant de sortir le k-way. Je continue à avancer, de toute façon il n’y à rien pour s’abriter, route en forêt.. mais là parfait timing, alors que ça tombe de plus en plus fort, un hôtel avec un abri !! Parfait pour le goûter et attendre que la pluie cesse. “Plus que” 6 km, 4 épingles (je les ai toutes comptées) et le camping est là. J’ai presque envie de pleurer, c’est tout mon corps qui est content d’arrêter de pédaler. Bon le camping est cher mais pas trop le choix, il est 18h, je ne peux physiquement (ou mentalement) plus avancer. 

La nuit n’a pas été top, une piqûre de guêpe la veille qui enfle de plus en plus, et le froid (fait pas si chaud à 1800!). Mais nuit réparatrice tout de même, il me reste 10 km et 300 m de dénivelé pour atteindre ce col ! 10h c’est parti. C’est beaucoup plus facile, la pente n’est qu’à 4 où 5%. J’avance déjà plus vite. Et je croise beaucoup de cyclistes (majoritairement des hommes…) avec le pouce en l’air en me doublant ou me croisant, et ça, ça fait plaisir. Eux seuls comprennent l’effort et la difficulté de ces quelques 25 bornes. Et encore, leurs vélos semblent tellement légers à côté de mes 34kgs ! Mais voilà, après avoir profité de la magnifique vue qui s’est offerte à moi tout le long, le mont Pourri toujours pas loin en face, après avoir profité de chaque petite fleur sur les bords de route (j’ai eu le temps) et les cascades, m’y voilà !! Il est 11h30, je viens de passer le col du Petit Saint Bernard, 2188m ! Petite fierté et grand moment face au Mont Blanc. 

Ce n’est pas grand chose pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup. Que d’une, ça s’arrête de monter ! De deux, c’est un mini objectif d’atteint, la persévérance paie. Et surtout me voilà en Italie !!

Ça m’a fait chaud au coeur de commencer l’aventure auprès de tout ce petit monde là, les amis et la famille. À tout ceux qui voudraient me retrouver sur la route en direction d’Istanbul c’est avec grand plaisir, il faut juste me le dire un tout petit peu avant, je pédale vite mais quand même ;). Et les détours sont possibles !

Après ce petit entraînement savoyard de plus de 400km, direction les lacs italiens !!