Un départ raté
Tout est prêt. Nous sommes le lundi 3 juin 2024, mon vélo est comme neuf, révisé (merci Papa !), les sacoches dépoussiérées, lavées, mes affaires empaquetées. Dernier check up, tout est ok. Sauf moi. Je suis patraque et enrhumée. Rien que l’idée de pédaler m’épuise. C’est mal parti pour faire 80 km… Je remets mon départ à 13h, après le déjeuner. À 13h, je remets le départ au lendemain. Ça démarre mal ce voyage. Nous sommes le mardi 4 juin 2024, cette fois c’est la bonne ! Une bonne nuit de sommeil, je vais beaucoup mieux. Je reprendrai des forces en pédalant, c’est ce que je me dis.
Ça y est, après 2 ans, je suis heureuse de repartir à vélo pour un “petit” voyage de 3 mois. Même destination, la Turquie, mais pas même itinéraire. Enfin, si, un peu. Le début. Ce n’est pas très dépaysant, je connais la route mais je compte bien refaire des haltes amicales et familiales en Savoie et Haute-Savoie avant de m’élancer sur d’autres contrées.
Comme un air de déjà vu…
C’est donc encore une fois, que le périple commence au bord du Rhône. Je ne savoure pas beaucoup, c’est du déjà vu, j’essaie juste d’aller au plus vite. Comme la dernière fois, je n’arrive pas à faire Lyon/Aix-les-Bains en une seule fois (155 km et un col, même avec un peu plus d’entrainement, ça me semble bien trop ambitieux). Alors comme la dernière fois je m’arrête au camping municipal de Morestel. À 6€ la nuit, ça vaut le coup. Ah non ! ça c’était il y a 2 ans. Maintenant c’est 9€, tout augmente… Pas de regrets tout de même, je rencontre d’autres cyclotouristes, australien et allemands, je commence à me remettre dans le bain du voyage !
Pour éviter de tout faire comme la dernière fois, je me surprends un peu en modifiant la route jusqu’à Albens, premier arrêt chez Claire et Rémi. J’évite donc le col de la Chambotte et coupe par le Tunnel du Chat. Ça grimpe aussi, mais beaucoup moins. Et me permet d’aller déjeuner au bord du lac du Bourget. Il fait très chaud, je pique nique au soleil. Et là, pschhhht ! Je suis là en train de manger une salade de riz tranquillement quand je vois sous mes yeux ma roue arrière se dégonfler en 2 secondes. Je suis dans le déni, et préfère finir de déjeuner plutôt que comprendre pourquoi d’un coup, à l’arrêt, mon pneu à décidé de se mettre à plat. Bon j’ai quand même pas bien le choix, il faut démonter. Et là c’est le drame. Un énorme trou. Je comprends très vite que ça vient du fond de jantes. Je venais de les changer avec mon père juste avant de partir. Nous avions mis du scotch à la place de vrai fond de jantes, l’idée n’était pas si bonne… Au même moment, Rémi m’appelle. On devait se rejoindre sur la route pour finir en vélo ensemble jusqu’à chez eux. Pour le moment, moi je ne risque pas d’aller très loin. Et le pire dans tout ça, c’est que je n’ai pas de chambre à air de secours. N’ayant pas eu le temps d’en acheter avant mon départ, je pensais le faire sur la route à Rumilly, lors de mon 3ème jour de vélo. Je suis à mon 2ème jour. Mon voyage à vélo commence EXACTEMENT comme il y a 2 ans. À l’époque, j’ai aussi crevé le 2ème jour. Je ne pensais pas que ça pouvait se reproduire, j’étais si naïve. Rémi me propose de passer acheter une chambre à air en venant à moi. De mon côté j’essaie de réparer mon trou. 1ère rustine, ça ne tient pas. 2ème, 3ème, rien n’y fait. Le trou est tellement gros, j’abandonne, cette chambre à air est bonne à jeter. Heureusement que Rémi vient à ma rescousse. Sauf que lui travaille du soir. Il ne faut donc pas trop traîner, il nous reste 25 km jusqu’à Albens, sur route bien vallonnée… Nous ne serons pas bien à l’heure, il vient de faire 40km de vélo, se douche illico presto et part au travail. Moi, j’en ai fini pour aujourd’hui. J’arrive pile à l’heure de l’apéro avec Claire. Un peu de crème sur le dos, car comme il y a 2 ans, j’ai bien cramé pour mon deuxième jour de vélo, j’ai de belles marques de cyclistes…
Le lendemain, petite journée, 15km pour aller chez ma cousine, mon oncle et ma tante qui habitent à Rumilly. Petite halte à Mondovélo, acheter des fonds de jante et une chambre à air (j’ai retenu la leçon !). J’arrive pile à l’heure du déjeuner, je mets les pieds sous la table. Je peux me reposer l’après-midi, et faire un peu de réparation vélo (tout comme il y a 2 ans, quand j’ai dû réparer au bout de 3 jours ma béquille). D’ailleurs cette année, pas de béquille, mais un bâton de marche, très bonne astuce chinée sur les forums de cyclovoyageurs. Après avoir pu profiter de ma famille, je repars le lendemain pour Annecy.
Là aussi, je connais la route. Enfin c’était sans compter un local bienveillant qui m’indique une route bis, moins dangereuse mais plus longue du coup. Après quelques détours et quelques côtes, me voilà chez Momo et Lulu. Là encore, j’arrive pile à l’heure du déjeuner, je mets les pieds sous la table. Je commence à avoir de mauvaises habitudes en tant qu’invité… Nous allons passer l’après-midi et la soirée chez les parents de Morgane. Nous farnientons un petit moment dans leur jacuzzi. Parfait pour mes petites cuisses qui ont déjà bien chauffé. Et une soirée pizzas, avec Coco, pizzaiolo en devenir. Je n’ai jamais mangé de pizzas comme les siennes. Faut dire qu’il a inventé un nouveau concept : des pizzas creuses ! Le principe, une pâte succulente, que l’on savoure encore plus car il n’y pas le cœur de la pizza.
Et des montées inédites !
Après 2 nuits à Annecy, reposée, je suis ultra motivée. Je souhaite prendre la route des Grandes Alpes, de Thônes à Cluses. Je monte donc mon premier col, celui de Bluffy – 630m. Toute contente de moi je continue avant de me rendre compte que la route pour Thônes est bloquée : c’est le Critérium du Dauphiné !! J’ai envie de pleurer. Je viens de faire un col juste pour le plaisir (pour pas dire pour rien) car il faut que je trouve un itinéraire bis. Je repars direction la Roche-sur-Foron. C’est reparti, deuxième col. Je me dépêche, du mieux que je peux, car ils annoncent des orages à 16h. Alors hop hop hop, il faut que j’arrive avant sur Taninges. Ça commence à gronder, à être noir mais j’ai une chance inouïe, l’orage tourne autour de moi. J’arriverai sèche chez Gaëlle qui m’accueille ce soir-là chez elle ! Elle a une magnifique maison d’où je peux, au sec, voir et entendre la pluie tomber. Après un burger mérité au bord du lac de Morillon et une bonne nuit, je pars retrouver le lendemain Gwen et Benji, qui habitent au Praz-de-Lys.
Taninges, Praz-de-Lys, je connais bien ce coin après avoir fait ma saison d’hiver à cette station. C’est d’ailleurs là que je les ai tous rencontrés. Comme je connais très bien la route pour monter au Praz-de-Lys, je ne l’envisage même pas en vélo ! Non non non, mes jambes ne le supporterais pas, et moi non plus. Gwen descend donc me chercher, on charge le vélo dedans et ça va tout seul jusqu’en haut ! Je passe la journée avec elle et sa maman avec au programme petite rando dans les montagnes et cueillette de fleurs sauvages. Et après une très bonne soirée et une bonne nuit au chaud, je repars !
La descente du Praz-de-Lys par contre ce n’est pas un problème, faut juste de bons freins et un K-Way car il ne fait pas chaud ! Aujourd’hui je n’ai qu’une cinquantaine de kilomètres, je vais à Vacheresse, chez les parents de Lucas qui m’accueillent gentiment pour la nuit. Alors je prends mon temps, je m’arrête déjeuner au lac de Montriond. Sauf que la pluie vient tout gâcher ! Je finis en habit de pluie, j’essaie de m’abriter dès que je peux et pour me réchauffer, je me fais un petit col, celui du Corbier, 1230m. Il m’aura fallu une heure, alors je mérite ma photo en haut ! J’attire l’oeil de Michel, qui habite dans son ancien restaurant/café qui a fermé en 2018. Dedans, c’est entassé toute sa vie ! Moi qui pensais être bordélique… Il y a très peu de place, ça tombe bien je m’arrête au comptoir où il m’offre une tasse de Ricoré. Je n’aime pas bien ça, mais pour pouvoir discuter avec lui et me réchauffer un petit peu, j’arrive à le savourer. Maintenant je dois descendre jusqu’à Vacheresse. Il pleut des cordes… grâce au conseil de Michel et d’un journal, je suis protégée du vent et du froid sur la poitrine. J’arrive trempée mais heureuse chez Richard et Jacqueline qui me reçoivent ce soir-là comme une princesse !
Après une très bonne soirée et nuit au chaud, je repars sous le soleil ! Je redécouvre la vallée d’Abondance sous un beau ciel bleu avant d’attaquer mon dernier col français jusqu’au Pas de Morgins, 1369m. Ce fut un bel entraînement, 355km et 4760m de dénivelé positif, me voilà prête à affronter la Suisse en vélo, en espérant emmener avec moi le soleil et un petit peu plus de chaleur…
Merci à vous tous, familles et amis qui m’avez accueillie, aidée, soutenue, motivée, boostée. Je pars le coeur remplie d’amour et de beaux moments, gonflée à bloc pour démarrer cette nouvelle aventure, qui, sans trop vous spoiler, me réserve déjà de belles surprises…
Beaucoup de péripéties ! C’est sympa de te lire, on voyage un peu avec toi !