Croatie – 1ère partie : côté terre – 400 km

Fin de journée en ce mercredi 17 août et me voilà en train de découvrir mes premiers paysages croates. Bon là je suis loin des images de cartes postales, des lignes droites, des champs et une déchetterie à ciel ouvert, rien de glamour. Mais rien de tout ça n’entache mon excitation. Pas même les 40km qu’il me reste à faire. Je passe

par Varazdin, malheureusement je n’ai pas le temps de visiter la ville, l’heure tourne et je ne suis pas encore arrivée. Je vais jusqu’à Novi Marof, un village situé entre Varazdin et Zagreb. Chaque montée devient difficile, je ne fais pas du sur place mais presque. J’essaie de profiter du coucher de soleil sur la plaine pour oublier la fatigue. Je m’étonne de voir toutes ces petites parcelles de vigne. Dario, ce soir, m’expliquera qu’ici tout le monde à ses propres vignes pour sa consommation personnelle. Je trouve l’idée géniale – être autonome en vin ! Enfin me voilà arrivée à destination. 109 km, record battu, je suis exténuée. Dario m’accueille et me fait visiter la maison des jeunes, là où je vais passer la nuit. Ça mériterait un grand coup de ménage car personne ne semble l’avoir fait depuis des semaines (des mois!) Mais l’endroit est grand et top pour les jeunes pour se réunir ici. Dario travaille ici, il s’investit beaucoup pour eux et pour la communauté de Novi Marof. Il est très inspirant. Il me propose de dîner ensemble après sa réunion avec les jeunes, vers 21h. Je tiens jusque là sans m’endormir ! J’ai proposé de faire à manger mais il souhaite s’en occuper. Il me gâte : soupe de légumes avec des “quenelles” faites de semoules cuites dans la soupe et une salade de pâtes. Je passe une très bonne soirée en sa compagnie, il est déjà minuit, la fatigue se fait ressentir après cette grosse journée. J’ai appris déjà beaucoup de choses sur la Croatie et les croates, il me tarde de découvrir ce pays!!

Le lendemain matin, Dario me propose d’appeler sa cousine Ana qui habite à Zagreb. Elle peut m’accueillir ! Trop cool. Avant de partir, je prends le petit-déjeuner avec Dario, on petit-déjeune le dîner : soupe et salade de pâtes, 2 repas en 1. Par contre les oignons crus au petit dej, plus jamais. J’ai 60 km jusqu’à Zagreb, ça n’a pas été ma plus belle étape, que de la route avec du trafic surtout en arrivant sur Zagreb. La capitale de la Croatie n’est pas du tout adaptée aux vélos. Mi piste cyclable mi trottoir, je dois traverser la ville pour aller chez Ana. Je la retrouve après son boulot. Elle a un très bel appartement, décorée de ses peintures que j’adore ! On arrive à faire rentrer mon vélo sur son balcon. J’ai l’impression de revivre chez Ana : douche, machine à laver (un mois de lavage à la main, une machine à laver, c’était un rêve!), canapé ! Nous nous posons sur celui-ci pour apprendre à se connaître. Pour le dîner, elle m’offre des Strukli (prononcé chtroukli) fait par sa maman. Spécialité croate au fromage que sa maman prépare par dizaine pour les week-end en famille, très bon. Pour digérer, Ana me propose d’aller au lac de Zagreb en vélo. J’ai si peu l’habitude de pédaler la nuit que je pars sans lampes alors qu’il fait bientôt nuit… je colle Ana qui est mieux équipée que moi. Le lac de Jarun est prisé des zagrebois, surtout le week-end pour les barbecues. Beaucoup viennent aussi faire du sport, vélo, course à pied ou encore aviron. Nous faisons le tour avant de s’arrêter prendre un verre sur des transats face au lac. J’ai l’impression de retrouver une amie de longue date alors qu’on ne se connaît que depuis quelques heures. Enfin, c’est pas tout, mais y en a qui bosse demain! (Enfin une!).

Je laisse donc Ana télétravailler ce vendredi après un petit déjeuner copieux (yaourt+graines de chia+fruits rouges ; note à moi-même : à refaire à la maison!). Je pars découvrir le centre ville de Zagreb à vélo, c’est à 3 km de chez elle. J’emmène le k-way avec moi, c’est gris aujourd’hui. J’ai rendez-vous à 11h pour une visite guidée de la ville qui donne un bon premier aperçu des différents quartiers dans la ville basse et la ville haute (la vieille ville). La ville a subi un tremblement de terre de magnitude 5.3 le 22 mars 2020 – en plein durant le confinement. Il y a eu un mort et beaucoup de dégâts matériels. Depuis, la ville se reconstruit. Cathédrale et églises ne peuvent pas être visitées car en travaux, et beaucoup de façades ont été endommagées. Malgré tout, la ville offre beaucoup de choses à voir et à faire. Je ne vais pas m’étaler sur tout ce que j’ai appris durant cette journée à Zagreb, qui pourrait prendre une page complète. Mais une journée ne suffit pas pour découvrir la ville. Je n’ai pas pu creuser l’Histoire de cette ville qui est devenue la capitale de la République de Croatie en 1991 lors de la proclamation de l’indépendance de la Croatie. Je n’ai pas non plus pris le temps de visiter les musées. Je suis tombée durant le festival de rues “Cest is d’best”. Donc cet après-midi – après avoir pu goûter à un Strukli gratiné (délicieux) – j’erre dans les rues de Zagreb et profite des petits concerts qui ont lieu un peu partout dans la ville avant que la pluie ne s’invite. Il se met à pleuvoir des trombes d’eau, je rentre chez Ana. Nous passons la soirée devant une comédie américaine : en Croatie, tous les films sont en version originale sous-titrée croate ! Elle prépare une spécialité à elle pour dîner, originaire d’Allemagne, je n’en avais jamais mangé : du Kraljeski drobljenac, comme des pancakes mais brouillé (note à moi-même : à refaire à la maison!).

C’est le week-end, Ana va le passer à Novi Marof, je reprends la route après cette pause requinquante à Zagreb. Le temps est encore capricieux, mais je n’aurai qu’une averse sur la route ce jour-là. Je vais à Mrežnički Brig – je sais que vous ne savez pas du tout où se trouve les lieux que je nomme, je les indique juste pour vous imaginer les prononcer. C’est un joli coin au bord de la rivière, malheureusement mon passage a été rapide, je n’ai pas pu en profiter (le temps ne s’y prêtait pas non plus…). Je vais en direction des fameux “Plitvice Lakes National Park”. C’est un must to do en Croatie. Je vais jusqu’à Slunj, à 25 km au nord des lacs, et là je change d’avis. Je n’irai pas. Sur ce que j’ai pu en lire sur internet et après avoir discuté avec Tobi, un allemand qui avait fait la Croatie en vélo il y a des années, ce parc national n’a plus rien de naturel. C’est devenu un bel exemple de tourisme de masse, un Disneyland Croate où la nature n’a plus vraiment ses droits. Vous pouvez aller voir les photos sur internet, vous en verrez autant que moi. En plus je fais des économies, 2 nuits au camping près des lacs + l’entrée au parc, au moins 80€ d’économisé. Bon, par contre ça me coûte quelques kilomètres car je dois faire un détour si je veux éviter la route principale bondée. Surtout qu’à la place de voir de magnifiques lacs bleu turquoise, je me tape une journée de flotte. Ma pire journée je crois. J’ai roulé trempée, à peine possible d’ouvrir les yeux ! Et pas un endroit pour s’abriter !! Je suis au milieu de la forêt, pas le choix, il faut continuer. Donc en plus d’être trempée, d’avoir froid, je meure de faim! Il y a quelques larmes qui coulent sur mes joues en plus de la pluie. Le moral flanche un peu. Il est 15h, je trouve une table abritée (de la pluie mais pas du froid). Je mange rapidement avant d’aller dans un bar (il y a enfin un peu de vie). Et là, à ma grande surprise, me voilà dans un petit bar rempli de fumée ! Ah oui, j’apprends qu’en Croatie fumer à l’intérieur des bars est encore autorisé. Vu l’atmosphère et la déco, j’ai l’impression d’avoir fait un bon dans les années 80. Difficile d’apprécier mon thé au milieu de cette fumée mais au moins je me réchauffe. La pluie se calme, je peux rouler de nouveau. Suivant les conseils de Tobi, les meilleurs endroits pour bivouaquer en Croatie, ce sont près des églises ou des stades de foot. Donc ce soir je dors à côté d’une église. Pas loin une table abritée, je pourrai dîner au sec.

Bon là c’est plus drôle du tout, il a plu toute la nuit et il pleut encore ce matin! Tout est trempé. Alors décision prise d’aller sur la côte trouver du soleil! Ça fait 4 jours qu’il fait gris, j’ai besoin de vitamines D pour continuer ! On est fin août, j’espère qu’il y aura moins de monde sur la côte. Dans tous les cas, j’ai encore quelques kilomètres avant de voir la mer. Donc ce matin, je roule de nouveau sous la pluie. Et ça grimpe, dans mon k-way, je suis autant trempée à l’intérieur qu’à l’extérieur. Mais je peux sécher en redescendant dans la vallée jusqu’à Otočac où la pluie a enfin cessé. Comme je rêve d’une douche chaude et que la mer est encore loin, je décide de m’arrêter à un camping qui n’est pas vraiment sur mon chemin. J’aime bien faire des détours. Je peux faire sécher ma tente et ma lessive sous les pruniers.

Enfin comme je ne regarde jamais la météo, je n’ai pas vu venir la pluie qui est tombée toute la nuit! Donc en plus d’avoir ma tente trempée, mes habits le sont aussi… gardons le moral ! Au petit-déjeuner, je discute avec un couple d’allemands, ils me disent qu’ils annoncent encore deux jours de pluie! Je ne les écoute pas, nous sommes en montagne, moi je vais vers la côte, tout sera différent, je le sens!! Donc je remballe tout et vais voir la mer. Enfin, il y a encore une bonne journée de vélo et quelques montées avant d’y arriver. Car je vois bien qu’il y a une chaîne de montagnes (donc forcément un col) à traverser avant de voir de l’eau. Je traverse des petits villages, des hameaux, beaucoup de pruniers, des rivières et les montagnes qui se rapprochent de plus en plus. Encore 300m de dénivelé positif et j’arrive au camping Velebit situé dans le Parc national de Sjeverni Velebit qui comprend le plus grand massif montagneux de Croatie. La vue est superbe, le camping aussi. Camping hippie où, après dîner, je rejoins d’autres campeurs autour d’un feu de camp. Beaucoup d’allemands mais l’avantage c’est qu’ils parlent très bien anglais. “Bread on stick” cuit au feu de bois accompagné de mon premier rakija (eau de vie populaire dans les Balkans), autour d’un feu qui réchauffe, je garde un super souvenir de cette soirée sous les étoiles. Alors oui, il y a les pro bivouac, ceux qui me diront qu’ils ne mettent peu ou jamais les pieds dans un camping, mais au vue des soirées que j’ai pu passer dans certains campings, la chaleur humaine ça n’a pas de prix!

J’hésitais à rester une deuxième nuit tellement on s’y sent bien, mais l’appel de la mer (et le froid) me poussent à avancer ! Et j’ai bien fait !! Dans 5 km, la voilà, la mer Adriatique ! Après 6 semaines à pédaler, je vois enfin la mer !! Et la Croatie – côté mer, me réserve encore beaucoup de surprises !!

https://www.komoot.fr/collection/1786457/-croatie-cote-terre

4 thoughts on “Croatie – 1ère partie : côté terre – 400 km

  1. L’automne est arrivé. Il fait un peu frais chez nous ce soir 26 septembre, car on n’a pas encore fait de feu, je suis sur mon canapé sous une couverture bien chaude et je lis tes péripéties sous la pluie et le froid et je voudrais bien te donner un peu de chaleur. J’espère que tu l’as trouvée sur la mer Adriatique.

  2. Ben voilà, à cause de toi j’ai bien pris froid!
    Heureusement qu’on va à la mer , il va faire chaud, tu vas peut-être refaire ton bronzage, pas que le visage hein !
    Et puis manges, Anne-Marie a raison, faut qu’tu t’remplumes ma grande!
    Allez, gros bisous et à bientôt de te lire.

    1. Les spécialités grecques me remplument ! Bien que je trouve malheureux qu’ils servent autant de frites dans chaque assiette.. profitez bien de vos prochaines vacances, à très bientôt, gros bisous à vous deux !!

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