L’aventure en Croatie continue. Me voilà face à la mer Adriatique. Après plus de 2000km ça donne des frissons de se retrouver face à une telle vue. Vue à 360°, mer face à moi, montagnes derrière moi. J’ai aussi retrouvé le soleil. Tout sourire, je peux profiter des 20km de descente. Arrivée à Karlobag, sur la côte, je vais au nord, décision prise d’aller sur l’île de Pag. Je dois donc remonter 17km pour aller prendre le ferry depuis Prizna. 10 minutes de ferry et me voilà sur Mars. Mars avec des publicités ! Impressionnant de pédaler au milieu de cailloux – rien d’autre. Ça grimpe en plein cagnard, il est bientôt 14h et je n’ai rien dans le ventre. Impossible de s’arrêter là, pas un brin d’ombre. Je vais de l’autre côté de l’île, trouver une plage où me poser. À peine posé mon vélo, je me jette à l’eau ! Elle est bonne, je savoure ma première baignade ! Mais c’est pas tout, il faut trouver une place où dormir. L’inconvénient c’est qu’il y a qu’une route principale et qu’il y a encore pas mal de voitures pour la fin du mois d’août. Difficile de profiter de la vue sans dévier sur la route.. encore une vingtaine de kilomètres et je trouve un petit camping familial, pas cher, à deux pas de la mer. C’est idéal, je profite du cadre pour me reposer et y rester deux nuits. Je crois que je me suis un peu enrhumée en montagne. Et je pédale presque tous les jours, mes jambes ont besoin de repos.
Baignade le soir, baignade le matin, l’eau de mer est le meilleur remède. Bon, je ne reste pas bien en place longtemps, je prends le vélo même un jour de repos. Seulement 15km pour faire l’aller-retour à Pag. Jolie petite ville avec de petites ruelles. Je peux savourer la première glace de mon aventure, je n’ai jamais craqué devant toutes les vitrines des marchands de glace croisés sur mon chemin. Mais aujourd’hui je célèbre mes 2500km ! Pag est connu pour sa dentelle et surtout pour son fromage (sir en croate) qui serait le meilleur de Croatie dû à la végétation et au sel que les chèvres mangent sur l’île. Je suis donc obligée d’y goûter. Je suis un peu déçue, je pensais qu’il serait plus fort en goût.
Après cette pause gourmande, je reprends le vélo en direction d’Obrovac et de la rivière Zrmanja. Ce soir-là, je dors dans le jardin d’inconnus qui sont absents, chez des amis d’une personne rencontrée dans un camping trois jours plus tôt.
Le lendemain matin, je souhaite partir tôt, grosse journée de prévue : baignade le long de la rivière Zrmanja puis direction le Parc national de Krka connu pour ses chutes d’eau. Plus de 60km avec un peu de dénivelé. Mais ça c’était avant de coincer ma chaîne au premier coup de pédale. En voulant changer de plateau, ma chaîne a fait un tour sur elle-même. J’essaie de réparer mais à part avoir les doigts tout noir, je ne fais pas grand chose. SOS Papa ! Il me donne des conseils que j’essaie d’appliquer au mieux mais j’ai peur de casser la chaîne. Je craque. La fatigue, la frustration, la solitude face à mon problème me font perdre mes moyens. Ridicule surtout qu’il suffit de demander de l’aide. Une fois calmé c’est ce que je fais. Je vais au café du coin, la serveuse comprend le problème et fait appel à ses amis. Au bout de 10min, un croate vient à mon aide, au même moment un australien à vélo s’arrête pour nous aider. Puis un deuxième croate. Donc 2 croates et 1 australien sont en train de faire leur possible pour débloquer ma chaîne. Déjà l’australien a une pince, ça aide. J’aide aussi en proposant de défaire le dérailleur du cadre (idée de Papa). Ils tirent sur la chaîne – je suis confuse de rendre leurs mains noir de graisse mais ouf !! Ils arrivent à la remettre en place. Soulagée, j’offre à boire à Roger, l’australien, les croates ne veulent rien. Nous discutons un moment, cela fait 30 ans qu’il voyage à vélo, j’ai beaucoup à apprendre. Il est déjà 13h30 et il a encore de la route, nous nous quittons. Moi j’abandonne mes plans. Je vais juste au prochain camping situé en bord de rivière. Après cette matinée fatigante moralement, je me relaxe à la rivière, massage du dos sous les petites cascades.
Le lendemain plus motivé que jamais pour aller au parc national de Krka. Ça commence pas super bien, pour la première fois, suivre le GPS fut une erreur. Ce qu’il pense être une route goudronnée – et un raccourci – est en fait une route faite de gravier et de sable. Je patine dans les montées et dérape dans les descentes. Comme je suis butée, je me dis que ça va s’arranger donc je ne fais pas demi-tour. Mais grave erreur. Interminable. Heureusement je peux raccourcir ma souffrance. Retour sur le bitume après une heure pour faire 3kms.. Mais à peine quelques kilomètres à rouler et je me retrouve dans une fête de village. Il y a du monde devant l’église. Curieuse et affamée, je vais côté buvette. À peine mis les pieds au milieu des tables, on me hèle. Ni une ni deux, me voilà un verre dans une main, une côte d’agneau dans l’autre. Je suis super bien accueillie par un groupe d’hommes. Certains parlent anglais et m’expliquent que chaque année le 29 août à Medviđa, c’est la fête en l’honneur de Saint Jean (j’ai un doute sur le saint). Je bois la boisson locale, le Gemist, du vin blanc mélangé avec de l’eau pétillante. J’essaie de boire doucement, les verres ici se remplissent vite. Je passe une superbe après-midi. L’ambiance est géniale, entre la bonne humeur, les chants croates a capella ou accompagné d’un accordéon (chants qui rappellent les chants corses). Il y a majoritairement des hommes à cette fête, très peu de femmes. Oncles, neveux ou amis, tous sont adorables avec moi. Ils viennent du même village, à Paljuv, à 30km d’ici. Le soir, ils me proposent d’aller au restaurant à Novigrad, à côté de Paljuv. Rocco met mon vélo dans son coffre. Soirée mémorable : terrasse avec vue sur la mer, fruits de mer et risotto accompagné de Gemist et chants croates. Et pour finir en beauté, Milo, un homme généreux qui en a gros sur le cœur, fait appel à un de ses amis pour me trouver un lit pour ce soir. Accueillie comme une princesse, ce n’est pas fini.
Le lendemain, je passe la journée avec eux. Je rencontre Ana, une jeune femme de mon âge, la fille de la famille qui m’a offert un bel appartement pour la nuit. Autour d’un petit-déjeuner copieux et d’un café turc, nous apprenons à nous connaître. Elle me parle de Paljuv, de la Croatie, de la guerre – ses parents ont dû fuir leur maison qui a été détruite. Puis direction la plage où je retrouve toute la bande de la veille. Il se retrouve tous les jours dans ce petit coin de paradis, ils ont leur cuisine, de l’eau potable et une superbe vue sur les montagnes. J’aide à la préparation du goulash, spécialité locale, épluchage des oignons et des carottes. Et le temps que ça cuise, baignade avec Ana qui me fait découvrir une grotte accessible par la nage. On se régale, une soupe en entrée, première fois que je mange une soupe sur la plage. Le goulash est très bon. Je les remercie infiniment, je me sens chanceuse d’avoir rencontré ces personnes sur mon chemin. Je serai bien restée plus longtemps avec eux, mais j’ai un “date” dimanche à Dubrovnik. J’ai donc 4 jours pour faire plus de 350km. J’abandonne l’idée du parc national de Krka, plus le temps.
Je pars tôt ce mercredi matin dans l’idée de faire beaucoup de kilomètres. 7h je suis sur le vélo. Mais à peine une pause pour le petit-déjeuner au bord de la mer, me voilà invité à prendre le café par un couple croate-allemand. Il m’offre même le petit-déjeuner croate, un burek aux pommes. Adorable couple, ils ont une fille baroudeuse, ils savent recevoir les étrangers en vadrouille comme moi. Je passe un très bon moment avec eux, mais j’ai encore beaucoup de kilomètres à faire, je les remercie pour leur hospitalité. Heureusement c’est tout plat le long de la côte. Le cadre est idyllique pour pédaler, les kilomètres défilent vite. Déjà 80 km, et là je rigole beaucoup moins. 200m de dénivelé m’attendent. La journée s’achève donc comme elle a commencé, en transpirant. Il a fait chaud toute la journée. Mais pas de douche ce soir, petit bivouac au milieu des oliviers.
La douche, ça sera le lendemain. 60km à rouler sous la pluie ! Je suis trempée et un peu démoralisée. Je me retrouve dans une énorme ville, Split, trempée. On est jeudi et je suis encore loin de Dubrovnik. Je vais donc tricher un peu pour m’avancer. Je n’ai plus l’énergie de mes débuts, et enchaîner les journées de 100km me paraît difficilement réalisable. Donc c’est décidé, surtout avec ce temps, je prends le ferry direction Korčula, une île un peu plus au sud. Je gagne une bonne centaine de kilomètres. Enfin ce n’est pas un ferry, mais un catamaran. Alors qu’on m’a vendu un ticket au kiosque, en m’indiquant ok,ok pour mon vélo, au contrôle des billets pour entrer dans le catamaran, ce n’est pas ok. Après discussion avec le capitaine, ils me font une “faveur” – faveur à 20€ – je n’ai pas bien le choix. Billet sous le manteau, je me sens un peu nulle de m’être fait avoir comme ça. J’apprends, tout le monde n’est pas honnête. 3h de catamaran, je suis au sec, je m’endors aussitôt. Arrivée de nuit sur l’île, je ne verrai pas grand chose.
Car dès le lendemain matin, je prends tôt le ferry pour aller sur la péninsule de Pelješac, à 15 minutes en ferry. Je ne rencontre que des personnes grognons ce matin, les lieux touristiques amènent parfois un peu trop de mauvaise humeur. Mais heureusement, j’oublie vite ces rencontres désagréables lorsque durant mon petit-déjeuner au bord de mer, j’aperçois un dauphin ! Ce fut furtif mais de quoi me donner le sourire. Hop c’est parti, maintenant il faut grimper. La péninsule n’est pas toute plate. Mais je ne me plains pas, en haut de chaque montée la vue est époustouflante. Entre les vignes, les côtes et la côte, la journée sur cette péninsule m’offre de belles sensations. Malheureusement pas le temps pour une baignade. La péninsule est en plein travaux. Une autoroute toute neuve. Car depuis cet été, le pont de Pelješac a été inauguré permettant de relier la Croatie à la région de Dubrovnik. Jusque là, il fallait soit prendre le ferry soit traverser la Bosnie-Herzégovine qui sépare Dubrovnik du reste de la Croatie. Je longe donc l’autoroute jusqu’à un camping au bord de la mer. Pas le temps pour une baignade le soir-même, je profite du coucher de soleil sur la plage.
Mais après une nuit à même le sol, à 7h le lendemain je suis dans l’eau à chercher le foutu trou qui a mis mon matelas à plat. Heureusement la mer est calme, idéal pour trouver le trou et faire une réparation. Je peux repartir tranquillement. Je n’ai plus qu’une cinquantaine de kilomètres le long de la côte pour atteindre Dubrovnik. Aujourd’hui je peux prendre le temps de me baigner. À midi, petite pause sur une plage de galets, cadre idéal, eau claire, chaleur, que demander de plus. Je repars tranquillement au prochain camping, je dors à une quinzaine de kilomètres de Dubrovnik. Le plus cher camping de Croatie, je paie le même prix que les voitures et les gros camping-cars, un peu écoeurant mais je paie la localisation j’imagine. Heureusement ça vaut un peu le coup, la plage est en contrebas du camping. Plage bétonnée comme très souvent en Croatie. Je profite de cette belle fin d’après-midi pour célébrer mes 3000km !
Et ces 3000km ne pouvait pas mieux commencer puisque je ne serai plus toute seule pour les quatre prochaines semaines ! Une personne qui m’est chère a été assez folle pour traverser le monde et me rejoindre dans cette belle aventure. À deux, nous allons pédaler à travers les Balkans. Et j’arrive à temps à l’aéroport de Dubrovnik pour le retrouver !
Voilà comment s’achèvent mes trois semaines en Croatie. Ce pays ne m’a pas laissé indifférente, je sais que je vais y remettre les pieds ! Entre terre et mer, la Croatie à beaucoup à offrir. Environ mille kilomètres à travers le pays, de quoi donner un très beau premier aperçu !
Hvala Hrvatska !
Bravo math, merci de nous faire voyager, voilà une idée une prochaine aventure du groupe vélo elec 😜bisous
Belle traversée de ce beau pays, belles rencontres, bonne continuation à deux, gros bisous 😘.
C’est magnifique de nous faire partager ton aventure très bonne continuation à toi. Bisous fabienne et daniel
Merci Mathilde !! Grâce à toi, je viens de visiter la Croatie en prenant mon petit déjeuner 😉. Bravo pour ton courage et ta bonne humeur malgré les difficultés rencontrées. Bonne continuation. Bises