Col du Petit Saint Bernard atteint, à moi l’Italie ! Je redescends par la Vallée d’Aoste, déjà prise en voiture, mais aujourd’hui en vélo j’ai vraiment le temps d’apprécier les villages plus où moins en hauteur et les châteaux, nombreux dans la région. Bon je déchante vite, la région d’Aoste n’est vraiment pas adaptée aux vélos ! J’essaie du mieux que je peux de prendre les petites routes mais je me fatigue pour pas grand chose, je reviens toujours sur la route principale, pas très agréable. Le deuxième jour, je suis ravie : une piste cyclable qui longe la Dora Baltea. Mais comme je m’en rendrai compte sur les prochains jours, en Italie, les pistes cyclables peuvent s’arrêter brutalement, me laissant penaude au milieu de rien. Comme ce jour-là, où ça finit en chemin de randonnée. Peut-être que mes parents et leurs amis auraient porté le vélo.. inenvisageable avec mes 30kgs. Du coup demi-tour, il faut monter au village de Saint-Vincent, 200m de dénivelé. Après cet épisode j’abandonne les chemins de traverse, je reprends la route principale mais cette fois un vent de face se lève vers midi! Autant dire que cette deuxième journée a été éprouvante, une des plus grosses d’ailleurs avec 93km au compteur mais le plaisir d’arriver près d’un lac italien ! Bon ok, petit lac, il ne compte pas parmi les GRANDS lacs italiens. Mais tout de même le plaisir de goûter à une eau du lac très bonne et un coucher de soleil sur le lac. Et je suis plongée au milieu de retraités italiens, entourée de caravanes installées à l’année, mes voisines sont charmantes mais ne parlant pas anglais la conversation est limitée.
J’ai quitté la Vallée d’Aoste pour la région du Piemonte que je dois traverser pour rejoindre la Lombardie et ses lacs. Je comprends pourquoi on n’entend pas parler du Piemonte : des champs, beaucoup de zones industrielles, des lignes droites (pour m’occuper dans les lignes droites je compte les vieilles Fiat Panda, il y en a encore beaucoup !) et des villages des années 70 où les maisons semblent abandonnées ou du moins très peu entretenues. Pas facile de trouver le moral de pédaler mais à l’arrivée il y a le lac d’Orta. Comme il est déjà 17h, je préfère trouver un camping avant d’envisager de me baigner. 1er camping : une déchetterie ; 2e,3e,4e camping : complet. On appelle pour moi un énième camping, ok de la place mais 3km de montée. J’arrive juste avant l’averse. Pas de baignade (je ne redescendrai pas au lac vu là montée !), mais une superbe vue. Je déchante un peu pour le prix, 30€ pour 1 personne 1 tente et la douche n’est même pas comprise.. bienvenue dans la région des lacs en haute saison. Camper devient un luxe !
Le lendemain matin je décide à me lancer dans le bivouac. Mais c’était sans compter sur l’arrivée de mes règles ce même jour ! Règles et vélo ne font pas bon ménage. Je pense que les filles compatiront, quand l’accès aux toilettes n’est pas facile, ce n’est pas très drôle. Ce matin-là je pensais grimper au Mont Mottarone pour profiter de la vue sur le lac Orta et le lac Majeur mais je n’aurai pas assez de motivation et de jambes pour y arriver. Déçue de moi et de ne pas pouvoir profiter de la vue, j’abandonne dans une côte à 10% et fait demi-tour pour trouver un plan B pour me rendre sur le lac Majeur. Vue magnifique sur le lac, je peux voir les îles Borromées. J’arrive sur la ville de Stresa synonyme de grands hôtels, luxe, toilettes payantes, ce n’est pas ma place. Je longe le lac par le sud, quelques courses pour le soir et je vais dans un parc au bord du lac pour mon premier bivouac. J’attends que tout le monde parte avant de pouvoir profiter d’une petite plage pour moi toute seule. Douche et lessive dans le lac, eau à parfaite température, puis coucher de soleil pour le dîner sur le ponton. Soirée magique. 1ère nuit en bivouac, je ne fais pas la maligne mais tout se passe bien (sauf l’invasion de fourmis…).
Je repars direction le lac de Côme. Un camping près de Côme (avec un orage le soir) puis le lendemain je visite rapidement Côme et sa belle cathédrale avant de prendre le ferry. Là avec beaucoup de chance et l’aide des italiens, je passe devant tout le monde pour prendre un ticket car le seul bateau acceptant mon vélo part maintenant !! Sinon il faut que j’attende midi ! Ni une ni deux, me voilà dans le ferry, mon vélo aussi. On me demande si j’ai un masque, je dis oui (car masque obligatoire dans les transports en Italie). Mais masque FFP2 ! Alors avec mon masque en tissu je fais un peu tâche mais avec la chaleur qu’il fait, tout le monde l’enlève au fur et à mesure de toute façon. Je passe les 2 heures de trajet avec un couple de français. La vue est magnifique, le ferry s’arrête à tous les villages car c’est avant tout un transport en commun. Je vais jusqu’à Bellagio, situé au milieu des deux branches du lac. Ville très touristique, je repars aussitôt. Je longe l’autre bras du lac en vélo pour redescendre vers Lecco. Je trouve un camping près du lac de Garlate, juste en dessous du lac de Côme.
Eau chaude avec vue sur les montagnes, parfait pour commencer une autre journée. Ce jour-là, comme j’en ai assez des campings qui ne me permettent malheureusement pas beaucoup de faire des rencontres, grâce au site “welcometomygarden”, j’ai pris contact avec Marco qui m’accueillera le soir même dans son jardin. Pour rejoindre sa maison, je longe la rivière Adda sur une superbe piste cyclable. Dans l’élan et la contemplation, j’en oublie de tourner pour aller sur Bergame. Petit détour avec en plus premier souci mécanique : impossible de resserrer ma béquille qui bouge énormément (dû aux secousses et aux trottoirs). Je m’arrête dans un garage, merci Google translate car très difficile d’expliquer mon problème en italien ! Resserrer, problème résolu, je repars. Je passe par Bergame mais très rapidement car il est déjà 17h et encore 20km pour aller chez Marco. Je monte tout de même à la vieille ville, la citta Alta, fortifiée et en pavé, le cœur historique est charmant. À vélo ce n’est pas simple de visiter alors j’admire simplement l’extérieur des bâtiments, leur architecture comme la basilique et la chapelle. 18h, c’est reparti. Je n’aime pas trop pédaler tard le soir mais là je sais où je dors. Il m’avait prévenue, ça grimpe pour aller chez eux… je ne m’attendais pas à ça. Une fois quitté le village, ça monte mais j’arrive à pédaler. Et là, la “pente bétonnée” comme il me l’a précisé est devant moi. Pente à 30%!! J’ai rarement vu ça et encore moins à vélo. Enfin là ce n’est plus du vélo. Même pousser mon vélo à pied fût une épreuve. 30kg ça se sent ! Avec 4 pauses, à une vitesse de 2km/h, j’ai dû mettre 10 minutes. Je rencontre Marco, sa femme Roberta et leur fille Sarah. Je suis très bien accueillie. Ils ont une superbe vue sur les vignes et le petit bourg en face. Le jardin est immense, beaucoup de place pour ma tente. Ils m’invitent à dîner le soir, je passe un très bon moment avec eux autour de pâtes à la sauce tomate et parmesan. Roberta ne parle pas anglais mais a plein de questions, Marco traduit. Ils me proposent de rester une nuit ou deux, je profite de la proposition pour rester 2 nuits et le lendemain je peux aller faire le tour du lac d’Iseo.
Sans bagages, je me sens beaucoup plus légère. Le lac d’Iseo est petit mais offre de nombreux points de vue.
Je les remercie et reprends la route le lendemain direction le lac de Garde. Passage par Brescia, petit coup de cœur pour cette ville très sympathique qui a aussi un cœur historique, à refaire à pied ! Je suis encore loin du lac et le ciel commence à s’assombrir. Ça fait plusieurs nuits qu’il y a des orages et du vent la nuit (jamais très rassurant sous la tente..) mais la pluie la nuit et le soleil la journée, c’est parfait. Là il n’est que 17h, les campings sont encore loin. C’est l’occasion rêvée pour oser aller demander un jardin et pouvoir poser ma tente avant la pluie. Pas facile d’aller chez quelqu’un demander un bout de jardin. Nouveau challenge accepté. Je choisis une ferme, grand jardin avec piscine hors sol, je me dis parfait, une famille. Je tombe sur un jeune homme dehors. Alors pour expliquer que je veux poser ma tente dans son jardin en italien.. pas facile. Surtout quand il me demande “porque?”, Pas facile de se justifier en italien. Finalement il dit oui, et là je comprends que c’est la meilleure chose que j’ai faite depuis mon arrivée en Italie. Paolo me montre une cabane où abriter mon vélo puis m’emmène dans sa petite maison, me montre la salle de bain, wc et un canapé – je le remercie mais avec les poulets dépecés qui sèchent à côté, je préfère ma tente. Je la plante vite avant d’aller prendre une douche. Il pleut des trombes. Je retrouve Paolo et un ami à lui, Omar, dans la ferme. Pas facile de discuter mais on arrive à se comprendre (un peu d’aide d’internet). J’apprends tous les noms des animaux de la ferme en italien. Viennent les questions gênantes : est ce que je suis mariée, quel âge j’ai, oh le vélo te rend forte et belle… alors oui ça fait plaisir mais venant de 2 jeunes hommes chez qui tu dors et que tu connais depuis une heure, tu te sens un peu vulnérable. Mais rassurez-vous, ils étaient très bien intentionnés. Paolo me propose même de dîner ! La Nonna (sa mamie) Nadia est dans les parages, ils vivent ensemble, mais a déjà dîné. Je mange donc en tête à tête avec Paolo. Il me fait des spaghettis rien que pour moi, lui mange des haricots verts, j’ai pas compris pourquoi. Surtout que face à lui, après m’avoir donné une grosse cuillère, je n’ai pas osé couper mes spaghettis par peur d’être mise à la porte. Mais je ne sais pas manger des spaghettis avec une cuillère… j’ai mis une éternité. Et en dessert il m’offre une glace !! Comme je suis gourmande je ne dis pas non, et bien j’ai vite regretté ! La glace était verte, je me suis dis elle doit être à la pomme, ah bah non, à la menthe ! J’avais l’impression de manger du dentifrice congelé, je n’ai pas osé dire que je n’aimais pas (je n’aurai même pas su le dire) alors je l’ai mangée avec une certaine envie de vomir.. Le lendemain matin, ils m’offrent mon premier café italien et la Nonna est allée chercher des petits biscuits au marché pour le petit-déjeuner. Je ne demandais qu’un endroit où poser ma tente, j’ai été reçu comme une princesse ! Ça fait chaud au cœur. Ses rencontres spontanées m’ont montré que j’étais trop concentrée sur moi et mon vélo. Plus question de regarder les campings (enfin si, mais moins) et aller vers les autres, c’est la richesse du voyage.
Après ce début de matinée, me voilà arrivée au lac de Garde. Je le longe par le sud, je retrouve le monde. J’essaie de le longer en remontant vers le nord, mais encore une fois la piste cyclable ne mène à rien, enfin si une plage. Je suis ravie de pousser mon vélo chargé dans du sable… ça fait les bras… je laisse donc le lac de Garde et les vacanciers derrière moi sans regret pour retrouver l’eurovelo 7 et ainsi quitter la région de la Lombardie et ses lacs pour la région de Trentino – Alto Adige qui me réserve encore beaucoup de surprises…
750 km à travers ces deux régions, une dizaine de lacs, des montagnes, un peu de dénivelé, de belles rencontres, l’aventure commence super bien ! Vous pouvez retrouver mon parcours sur Komoot : https://www.komoot.fr/collection/1719687/-vallee-d-aoste-et-lombardie
Et vous pouvez suivre mon parcours jour après jour : https://www.komoot.fr/collection/1670908/-de-lyon-a-istanbul
Bravo Mathilde 👍. Quel beau voyage je fais grâce à toi mais…assise dans mon canapé 😉. C’est moins fatiguant que le vélo. Bon courage pour la suite
Merci Marie-Colette ! Je rêve d’un canapé 🤩 surtout mes fesses !
Bravo courageuse Mathilde, de bien belles rencontres et de beaux paysages.
Bonne continuation, je t’envoie plein de force, gros bisous.
Merci Michel, il m’en faut de la force pour grimper les cols de Slovénie maintenant 🙂
Quelles aventures ! Merci de nous les partager !
Bonne route
Bisous 😘
Bonjour Mathilde, ce qui m’épate le plus, c’est que tu partes seule pour une telle aventure… avec les aléas de crevaisons, orages, pluie, grêle, chemins sans issue, pente presque verticale.
Mais superbes paysages et découvertes avec de belles rencontres.
Et dis donc, Mathilde, Paolo sait pourquoi il t’a donné des spaghettis plutôt que des haricots ! il a pris soin de toi avec des sucres lents nécessaires. La glace aphrodisiaque, ça c’est plus litigieux…
Il faut que je relise le parcours suivant et suivre sur une carte…