Italia in bicicletta – 2e partie : Trentino-Alto Adige – 435 km

Me voilà donc dans la région de Trentino/Alto Adige. Pas de suspense : j’ai adoré cette région. Déjà car bien mieux adaptée aux cyclistes. Il y a la Eurovelo 7 qui traverse la région, c’est celle que je suis pour remonter dans le nord de l’Italie. Je me retrouve au milieu des vignes – quelques champs d’oliviers – mais surtout des vignes et de beaux domaines. On voit que la région ici est plus aisée. D’ailleurs pour ma première nuit dans cette région, je teste un camping “agriturismo”. C’est un terme à la mode qui, pour moi, signifie que des agriculteurs (qui souvent ont l’air fortunés) ouvrent un camping. Effectivement le cadre est idyllique, petit camping familial, dormir chez des agriculteurs, j’adore l’idée. Mais 24€ pour dormir au milieu des vignes, leur terre devient vraiment rentable ! Et ils ne font même pas tester leur vin…

Je reprends la route ce dimanche matin, et je déchante vite : vent de face ! Pas très drôle sur la piste cyclable mais heureusement la vue vaut le coup d’avancer à 15 km/h. Et comme on est dimanche, il y a pas mal de monde sur la piste. Rendez-vous dominical des italiens. À midi, petite pause fruits et gâteaux à l’ombre. Une famille italienne prend sa pause sur le banc d’à côté. On discute. Puis je les retrouve à la fontaine suivante. On discute. On se présente. Et naturellement, Elena, la maman, me propose d’aller déjeuner avec eux ! J’accepte avec grand plaisir. Ils habitent Rovereto, sur le chemin pour Trento (mon but du jour). Nous roulons ensemble une petite heure. Elena parle bien anglais, son mari Lorenzo un peu moins. Ils ont une fille aînée, Agnese, 16 ans et qui travaille 2 mois à la montagne dans un café, que je ne verrai pas ; et deux fils Giacomo et Giona. Le plus grand apprend l’anglais. À table, il me traduit ce qu’ils se disent en italien. Chacun apprend une langue. Je suis vraiment touchée par cette spontanéité et cette gentillesse. Moi qui est l’habitude d’une simple salade ou d’un sandwich le midi, aujourd’hui c’est un festin : salade composée et melon en entrée, et les “restes” : gnocchis à la bolognaise et du milo à la courgette avec parmesan évidemment. Lorenzo travaille dans une entreprise viticole, il me propose du vin blanc. Très bon. Ça faisait un moment que je n’avais pas bu de vin, je le déguste. J’essaie de demander pourquoi les vignes ici sont si hautes, je n’ai pas bien compris la réponse, spécificité de la région. Un super dessert à la Elena et un café italien. Je suis repue ! Je propose de faire la vaisselle mais Lorenzo me dit que le lave vaisselle est férié, c’est aux garçons de faire la vaisselle… Je suis gênée. Elena insiste, je la suis sur le canapé, nous discutons de la politique italienne, en septembre c’est à leur tour de voter. J’apprends beaucoup de choses sur l’Italie, je suis ravie d’avoir pu passer mon dimanche avec une belle famille. Je me repose sur le canapé, c’est si gentiment proposé. Mais l’heure tourne et je ne sais pas où je vais dormir ce soir. Elena me dit qu’elle a un collègue Martino qui habite Trento, dans les hauteurs et aurait un grand jardin. Elle l’appelle, lui est dans les montagnes mais il essaie de joindre sa copine et nous rappelle. C’est ok. Surtout que sa copine Alice (prononcé Aliché) vient juste de récupérer une amie française (de Haute-Loire) à Vérone. Je remercie infiniment Elena et sa famille pour leur hospitalité et c’est reparti pour Trento. 30 kms il est presque 18h. Comme me l’a dit Elena, j’ai le vent dans le dos, heureusement car il y a pas mal de lignes droites. Et comme ils me l’ont annoncé, ça monte pour aller chez Martino. Des montées italiennes comme je les aime sur 3 kms. Je pédale les deux premiers kilomètres, le dernier je pousse le vélo, très bonne excuse pour admirer la vue. Forcément en prenant de la hauteur avec le coucher de soleil, j’en prends plein les yeux. Mais très contente d’arriver à la fontaine, point de rendez-vous avec Alice. Elle m’emmène chez eux, une vieille maison en pierre au milieu des vignes. Je rencontre Julie. Entre elles, elles parlent espagnol, mais on partage le dîner en anglais vu mon piteux espagnol. Elles m’offrent un vrai dîner italien : tomates/mozzarella et frico – spécialité culinaire du Frioul-Vénétie Julienne au nord de l’Italie d’où est originaire Alice. Cela m’a fait penser à des röstis. J’ai beaucoup à apprendre d’elles, elles se sont rencontrées dans une ONG, No Name Kitchen, qui vient en aide aux réfugiés mais de manière humaine en leur apportant du soutien moral, du temps en partageant des moments et des activités avec eux dans les Balkans. Elles étaient en Serbie. Ce soir, elles se retrouvent pour partir 15 jours en Serbie mais cette fois pour des vacances. Nous terminons la soirée avec Martino et leurs amis revenus de la montagne. Un peu éméchés, ils finissent tous à poil ou en culottes dans la fontaine. Je crois ne pas avoir assez bu ni être assez réchauffé pour y aller !

Petit-déjeuner au soleil le lendemain avec les filles, je remonte sur le vélo, elles partent en autostop. Cette fois, direction Bolzano-Bozen. Tous les noms de ville sont en italien et en allemand car la région du Trentin- Haut Adige était autrichienne jusqu’en 1919. Lors de la Première Guerre mondiale, la région fut rattachée à l’Italie (merci Elena pour ces infos !). On parle encore beaucoup allemand ici. D’ailleurs plus je monte au nord, moins j’ai l’impression d’être en Italie. Une fois sortie de Trento, je quitte les vignes pour les vergers. Des pommes et encore des pommes. Alice me l’a dit, le nord de l’Italie est un des premiers producteurs de pommes européens. Comme je suis partie tard, je déjeune tard. Il est 15h quand je trouve une table à l’ombre (je deviens exigeante). Un couple hollandais curieux de me voir avec mon vélo chargé m’accoste. Je m’assois à leur table pour déjeuner, nous restons bien 2 heures à discuter voyage, vélo, culture, pression sociale. Puis Hans et Rina me proposent de me joindre à eux pour le dîner et de rester dormir dans leur camping à côté de leur caravane. Super, je les rejoins donc 10 kms plus loin à leur emplacement. Hans a négocié (et a payé) pour moi. Ma petite tente se loge entre deux caravanes. Ils m’offrent une bière. Ils ont un super cadre, vue sur les montagnes et les villages parsemés dans les hauteurs. J’ai le droit à un dîner copieux. Je passe une très bonne soirée à leur côté avec au loin l’orage qui gronde. Il faudra attendre d’être sous la tente pour que l’orage arrive, vent et averses, pas facile de trouver le sommeil.

Et le lendemain, magnifique journée. Petit-déjeuner hollandais très copieux aussi ! Petite photo souvenir avec Hans et Rina, “gezellig” moment avec eux. (J’apprends aussi le néerlandais !). Je peux reprendre la route le ventre plein. Ça tombe bien car le but d’aujourd’hui ce sont les Dolomites. Je passe par Bolzano-Bozen. Très jolie ville mais tellement bondée que je fais un rapide tour à vélo. Je prends des forces et au prochain croisement je me lance. Mais il est déjà 15h et je sais que j’ai 30km et au moins 1500m de dénivelé qui m’attendent. À peine quelques coups de pédales et je suis en nage. Au bout de 3 kms j’abandonne. Je n’ai pas le mental ni les jambes pour y arriver aujourd’hui. Pas fière de moi, je fais demi-tour, ce qui me permet de sécher très rapidement et de retrouver la piste cyclable. À défaut de traverser les Dolomites, je vais les contourner. Je me fais la promesse d’y retourner, mais peut-être plus légère (pas moi, le vélo !!). Je longe la rivière Eisack-Isarco jusqu’au petit village touristique Klausen-Chiusa, typique du Sud-Tyrol.

Le lendemain je continue sur la EV7 qui offre de beaux paysages et des passages par de très jolies villes et villages comme Brixen- Bressanone, l’abbaye de Novacella, très belle au milieu des vignes. Avant de partir sur l’ouest je m’offre un tiramisu – inimaginable de quitter l’Italie sans en avoir goûté un. Maintenant je suis la rivière de Rienz et là, changement de décor. Cette vallée est juste magnifique. Tout est vert, beaucoup de champs, peu de trafic, nombreux villages. Je compte les clochers rouges identiques à chaque village. Ce soir je ne veux pas aller au camping donc je m’arrête dans un village pour demander à trois mamies assises sur un banc un coin pour planter ma tente. Bon, difficile de communiquer en italien, et j’ai eu le malheur de dire “campeggio” rare vocabulaire italien que j’ai, du coup elles ont compris que je cherchais un camping. Tant pis j’essaie plus loin, des fermes c’est pas ce qu’il manque dans la région ! Un fermier parlant anglais me propose son champ. Il me dit de faire attention, il y a des abeilles. Je monte dans son champ, c’est parfait. Il y a un banc, je suis assez loin des abeilles, j’ai la vue sur le village à droite et à gauche sur les montagnes. Plutôt organisée, j’ai même une soupe Knorr en sachet ce soir, ça tombe très bien car il fait froid. Par contre c’est une portion de 3 personnes.. ça me nourrit bien ! Un peu l’inconvénient d’être seule en voyage, il faut avoir un gros appétit car difficile de trouver des portions individuelles (et je ne conçois pas de jeter de la nourriture). Ce soir-là, en prime un petit Bambi qui passe juste devant moi.

Bambi que je retrouve dès ma sortie de tente le lendemain matin. Je me suis réveillée aux aurores, lever de soleil sur les montagnes. Je remballe tout et décide de pédaler avant le petit-déjeuner. Je trouve une table avec vue et un coin au soleil pour faire sécher la tente. Et il y a déjà du monde à 9h sur la piste ! Hier j’étais presque toute seule, aujourd’hui pas un moment seule… et beaucoup de vélos électriques qui me doublent. J’arrive à Toblach. Avec du recul, là je n’ai pas pris la bonne route. J’aurais dû prendre à droite, à travers les dolomites pour arriver à Tarvisio, à la frontière de la Slovénie. Mais je n’y ai pas pensé, trop excitée à passer la frontière autrichienne. Il y a une piste cyclable le long de la Drava qui traverse l’Italie, l’Autriche, la Slovénie et la Croatie. Je déchante vite, la piste cyclable jusqu’à Lienz, première grande ville en Autriche, est top, toute en descente, trop facile. Du coup une compagnie touristique a tout compris, loue des vélos juste avant la frontière pour que les touristes profitent de la descente et remontent en train depuis Lienz. Accessible à tout le monde, je me retrouve au milieu de dizaines de vélos, des groupes et des familles, qui ne savent pas rouler. 50kms pas hyper fun. Une fois passé Lienz, je me retrouve toute seule. Enfin pas si seule, je rencontre Marius, un jurassien qui fait un peu le même itinéraire que moi sauf que lui est deux fois plus chargé : une guitare et du matériel d’escalade en plus ! Et il va vite ! Grâce à lui, j’avance vite et arrive à enchaîner les kilomètres. J’ai beaucoup à apprendre car lui ne fait pratiquement que du bivouac. J’aimerais aussi mais je trouve difficile de trouver des coins où se cacher. J’ai fait ma plus grosse journée, 105kms. Mes jambes n’en peuvent plus. Je l’abandonne, lui veut continuer pour retrouver sa copine le lendemain, moi je vais au camping, pas de bivouac ce soir. Le confort c’est bien aussi. Je peux avoir ma première bière autrichienne. Comme les bouteilles ici font 50cl, ça tape vite avec la fatigue. Heureusement que j’ai des noodles.

Le lendemain comme il fait très chaud, je vais au lac Waißensee. Ça grimpe mais quel plaisir de se baigner au lac. Ça rafraichit mais pas le temps de s’attarder, les orages arrivent, c’est noir au loin. Je préfère avancer. Je voulais faire un bivouac ce soir mais le vent et les orages ne me rassurent pas. Je choisis un camping près d’un autre petit lac, malheureusement celui-ci est bordé de plages payantes.

Je suis de plus en plus proche de la frontière avec l’Italie.Ce matin, dernier jour en terre autrichienne. Le temps est gris et malheureusement j’ai du mal à communiquer avec les locaux qui m’accostent en allemand mais je comprends rien. C’est noir dans les montagnes et c’est là où je vais…tout doucement je vais à la frontière Italienne. Mon passage en Autriche fut court, 3 jours et me revoilà en Italie. Je déjeune à l’abri des vieux bâtiments douaniers, un peu glauques. Un déjeuner rapide partagé avec une famille belge et c’est reparti. La pluie a cessé. À peine mis les roues en Italie, que je rencontre deux Italiens à vélo, deux Roberto. On discute comme on peut. Nous prenons une pause ensemble à Tarvisio car ils rentrent chez eux, moi je tourne à gauche direction la Slovénie. Avant de se quitter, ils m’offrent leurs barres énergétiques et même leur sandwich au jambon. Trop gentils ! Ils me conseillent le Lago Di Fusine, juste avant la frontière, à 7km. Parfait, je cherchais un coin pour la nuit. Ce sont deux petits lacs, je vais au deuxième, un peu plus reculé. Il y a même un fromager qui vend du très bon fromage de chèvre, très bon signe. Je lui demande si je peux m’installer sous la terrasse abritée du café fermé, il appelle le gérant, c’est ok! Je suis au sec au milieu des montagnes et du lac. Alors que le garde forestier vient déloger tous les campings cars/vans venus s’installer là, moi je me fais toute petite, camping interdit, il ne me dit rien. Je me retrouve donc presque seule dans un magnifique cadre. La nuit tombe vite, une soupe pour se réchauffer et hop au lit.

Le lendemain un cappuccino et un croissant à la crème pâtissière (on ne critiquera pas..) pour me réchauffer et il me suffira d’à peine 5 km pour franchir la frontière Slovène.

Voilà comment s’achève mon périple italien, fait de rencontres, de quelques kilomètres (environ 1170km) à travers des paysages variés sous un soleil de plomb, quelques pentes et la promesse d’une belle aventure qui ne fait que commencer !

Vous pouvez retrouver mon itinéraire ici : https://www.komoot.fr/collection/1738059/-trentino-alto-adige

4 thoughts on “Italia in bicicletta – 2e partie : Trentino-Alto Adige – 435 km

  1. Je lis en français trop bien, bonne continuation à travers les villages et les superbes rencontres 😁🚲🤩

  2. Plus rien ne t’arrête. Bonne continuation. J’adore ton récit il est tellement précis que je t’imagine trop bien….. et ça me fait bien rire. Bisous

  3. J’adore lire le récit de ton voyage plein de surprises, de tes rencontres éphémères mais inoubliables,
    des moments privilégiés que tu vis( ben oui, en camping car on ne se gare pas aussi facilement n’importe où) et les paysages verdoyants !

    Je t’envoie plein d’énergie et de bonnes pensées pour la suite.

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