Jó napot Hongrie – 436 km

Un pont traversé, pas de frontières mais un nouveau panneau : Hongrie ! Écoutant les bons conseils de Charlotte, je quitte les longues lignes droites Slovaque pour un peu plus de fantaisie. De ce côté du Danube, il y a toujours un peu de pistes cyclables mais surtout des villages à traverser qui animent davantage la journée. Après une petite pause déjeuner sur une place, voilà que les nuages noirs viennent remplacer le beau ciel bleu. Et bim il tombe des cordes. J’arrive à m’abriter. Mais impatiente, je reprends la route trop vite. Me voilà sous une deuxième averse. Cette fois, impossible de m’abriter, je suis trempée. Pas de quoi me miner le moral. Car finalement le soleil ressort, de quoi sécher tout en pédalant. J’arrive sur la ville d’Esztergom, au bord du Danube. Pour célébrer ce nouveau pays, je m’offre un gâteau et un ice latte (mon péché mignon!). Il faut prendre une décision, j’ai 3 options : suivre le Danube côté Hongrie mais pas de camping, suivre le Danube côté Slovaquie avec camping mais plus long, ou couper au plus court pour rejoindre Budapest sans suivre les lacets du Danube. Je choisis cette dernière option, m’économisant une quarantaine de kilomètres. Déjà 17h, pas de camping sur la route. Je roule encore un peu, à l’affût d’un jardin où je pourrais planter ma tente. Première tentative ratée dans un restaurant, le carré d’herbe n’est pas à eux. Deuxième tentative un peu plus loin, dans une petite ruelle en gravier j’arrête quelqu’un dans sa voiture. J’y vais au culot et lui demande s’il a de la place dans son jardin pour une tente. Il réfléchit quelques secondes et accepte ! Ouf soulagement. Soulagement de courte durée. Il me propose de le suivre, c’est à 500m, un peu en hauteur. À peine remontée sur le vélo pour suivre sa voiture, bim plus aucune vitesse ne passe. Lui avance et moi je suis derrière, suant, obligée de me mettre en danseuse dans la montée pour trouver un peu de force. Me voilà chez Màrkó et son Papa. Ils ont une très belle maison, construite par son père, sur un terrain tout en longueur, comme j’ai pu souvent voir en Hongrie. À peine arrivée, on se présente mais rapidement j’ai l’œil tourné sur mon vélo. J’ai vite élucidé le problème : le câble des vitesses a lâché. Je pensais tout aussi rapidement résoudre le problème. Haha que nenni. J’appelle mon Papa à la rescousse, peut-être plus pour me rassurer. Je l’avais vu changer le câble du dérailleur avant, je me suis dis, les doigts dans le nez, maintenant je sais faire. Mais avant que je puisse commencer à tout démonter, Márkó me dit qu’un de ses amis peut regarder mon vélo ! Gênée mais ravie, ni une ni deux, on met mon vélo dans le coffre de sa voiture direction chez son ami. Dans son garage, son ami passionné de vélo est bien équipé. Un garage/sauna où il fait 40°, son ami dégouline et prend plus d’une heure de son temps pour changer le câble. Car moi qui pensait qu’il suffirait d’enlever le câble et le remettre, la tâche est bien plus laborieuse. Je comprends que je n’y serais jamais arrivée toute seule… je leur dois beaucoup. Je ne les connaissais pas il y a encore 2 heures, je débarque demandant seulement un bout de jardin et finalement nous passons notre soirée à réparer mon vélo. On fête tous les 3 cette réparation avec une bière. Déjà 21h passé, nous rentrons. Nous discutons dans la cuisine avec Màrkó, il m’offre à dîner. J’en apprends plus sur la Hongrie et sur Màrkó. Et comme il est déjà bien tard, son papa m’a laissé son lit ! Je suis vraiment trop bien reçue pour quelqu’un qui est venue le temps d’une soirée avec ses problèmes mécaniques… 

Je ne suis plus qu’à une quarantaine de kilomètres de Budapest. Après un bon petit-déjeuner offert par Márkó et son papa, je suis prête. Je me rends vite compte que mon idée de couper et ne pas suivre l’itinéraire cyclable ne fut pas si bonne. 30km vraiment pas drôle et assez dangereux car ça roule beaucoup et vite. Moi, par contre, je ne vais pas bien vite, ça grimpe. Mais finalement je suis bien contente de mon choix car j’arrive pour midi à Budapest. Je peux déjeuner dans un parc en attendant le check in à l’auberge de jeunesse où je vais là aussi, rester 2 nuits. C’est pas toujours simple les auberges avec le vélo, comme c’est le cas ici. Très bien située dans Budapest mais au 3eme étage. Je dois monter toutes mes sacoches, je n’ai pas confiance dans la cour de l’immeuble. Il fait 29°C, je dégouline ! Avant de partir visiter Budapest, je profite d’une douche fraîche. Je reste du côté de Pest en cette fin de journée, errant dans les ruelles, émerveillée à chaque coin de rue par la beauté architecturale de la ville. 

Après une nuit affreusement chaude et énervée par l’égoïsme de certaines personnes – les joies de l’auberge de jeunesse, je pars tôt, profitant de la fraîcheur matinale. Je monte profiter de la vue depuis la citadelle, parfait spot pour un petit-déjeuner face au château de Buda que je pars ensuite visiter. J’ai de nouveau fait un “free walking tour” pour visiter une bonne partie de Pest, une superbe visite remplie d’anecdotes, d’histoire tout en admirant les beautés de Budapest mais tout en essayant de supporter la chaleur ! Pour le déjeuner je me rends à une adresse suggérée par le guide dans le quartier juif. En mangeant ma “baguette” hongroise, je rencontre Winnie, une chinoise qui vit à Paris et qui est à Budapest pour le travail. On a beaucoup de points communs en plus de l’amour pour le voyage – elle aussi a vécu en Nouvelle-Zélande. Elle a une réunion cette après-midi, alors avant de se retrouver ce soir au restaurant, j’en profite pour me reposer un peu. Nous dînons dans un super endroit, je goûte une spécialité, le Paprikás Csirke, du poulet au paprika, épice originaire de Hongrie. Nous allons dans un bar/club dans le quartier juif pour boire un verre. Une première depuis mon départ. Il faut dire que je ne sors pas beaucoup le soir, après les journées de vélo je n’ai pas l’énergie pour enchaîner sur une soirée.. on se quitte ce soir-là, Winnie s’envole le lendemain pour Paris, je m’en vais pédaler au sud de Budapest.

Grâce au site “Welcome to my garden”, j’ai pris contact avec Suzanna qui habite une soixantaine de kilomètres au sud de Budapest, le long du Danube et de l’Eurovelo 6. C’est parfait, petite journée. Je profite de l’auberge de jeunesse et commence à pédaler pile quand il fait super chaud, super timing… il faut déjà faire plusieurs kilomètres pour sortir de la ville. Je prends mon temps, une petite sieste sur le banc, je m’offre un iced coffee et une baignade dans le Danube. L’eau est tellement chaude que ce n’est même pas rafraîchissant. Je le longe jusqu’à chez elle, l’endroit est vraiment joli. Les rives sont arborées et il y a beaucoup de petits pontons privés. Grâce à Google maps j’arrive à trouver le petit chemin qui mène chez Suzanna. Elle habite une belle maison avec beaucoup de terrain. Elle m’avoua plus tard que ça demande beaucoup d’entretien. C’est pour ça qu’elle accueille aussi des workaway – sur le même principe que le woofing. Et ce soir-là, je rencontre aussi Çağdaş (prononcez Gadash). Il est turc et vient de faire une semaine de workaway chez Suzanna. Grâce à lui, j’ai appris plusieurs choses sur le mariage turc et ses traditions ! On passe une superbe soirée tous les trois, discutant de nos expériences, celles à venir, de la politique (tous les 3 témoins de l’extrême droite qui prend malheureusement de plus en plus de place dans nos pays respectifs), de voyages. Le tout arrosé par du fröccs (prononcez “freutch”) mélange de rosé et d’eau pétillante ainsi que du bon fromage. 

Après une bonne nuit bien qu’un peu chaude, un super petit-déjeuner et une matinée à papoter avec Suzanna, je suis prête pour repartir. Déjà midi, je commence par longer le Danube. Mais les chemins en terre plein de trous qui me secouent, me sortent par les yeux, je n’avance pas. C’est décidé je quitte le Danube pour traverser la Hongrie par l’arrière pays. Je ne sais pas si c’est une bonne idée mais au moins ça sera moins redondant. 20km au soleil, petite pause déjeuner dans un village. Persévérante, je retente le Lángos, c’est pas cher et c’est typique. Mais comme la dernière fois, je ne suis pas très bien après avoir avalé tout ce gras ! Cette fois c’était la dernière. Je digère sur mon vélo. Je roule au milieu de la route, les bas-côtés sont pleins de bosses. J’enchaîne les kilomètres avec comme distraction des podcasts et un cache cache avec les fontaines bleues. Avec la chaleur, je ne fais que boire de l’eau chaude. Alors dès que je peux je change l’eau. Et je remplis les bouteilles car ce soir, petit bivouac dans une forêt de pins. Après avoir sué toute la journée, j’aurais apprécié une douche, mais une toilette au gant fera l’affaire. Et une grosse averse me force à dîner et finir ma soirée sous la tente.

Le lendemain, une petite journée m’attend puisque je ne vais pédaler que le matin. Il y a une voie cyclable conseillée, je la suis. Parfois c’est une bonne idée, parfois non. Comme cette fois-là où je me retrouve dans un chemin en sable. L’enfer. Impossible de pédaler, je dérape. Je rigole de la situation au début, mais au bout de 5 minutes de rigolade, j’ai envie de pleurer. Interminable. J’ai une 2e option : me rendre sur la route principale, un peu dangereuse mais seulement sur quelques kilomètres. L’heure est venue de reprendre des forces, sur la carte j’ai repéré une plage aménagée sur un bras de la rivière Tisza. Il y a des tables de pique-nique, de l’eau et surtout, des douches. Niquel, petite douche en public, après le bivouac de la veille je l’apprécie. De toute façon, il n’y a personne. Ce qui m’étonne, en plein mois de juillet. Vient à ma rencontre un homme, on discute. Il travaille dans le cabanon d’à côté, un point d’information sur le site pour les touristes et de location de bateau/paddle. Il m’explique d’ailleurs qu’ici, et comme beaucoup de lieux touristiques en Hongrie, c’était très prisé dans les années 80 – et rien n’a beaucoup changé depuis – mais maintenant les gens vont à l’étranger. Et puis rapidement, Attila, c’est son prénom, me propose de dormir ce soir à sa ferme. J’accepte avec grand plaisir. Le temps qu’il finisse de travailler vers 17h, j’ai le temps de me poser au soleil et prendre du temps pour moi. Il y a 6km d’ici jusqu’à chez lui qu’il fait en vélo aussi. Sa ferme est très isolée, il y a deux accès, un par le chemin en sable, l’autre par la forêt. Ouf, il m’évite le sable. Il m’explique que tout ce sable dans cette région vient du Danube, qui coulait à cet endroit-là auparavant. Nous voilà à sa ferme viticole, c’était celle de ses grands-parents. Il a des vignes, il me fait visiter sa cave où il fait principalement du rosé. Idéal pour un fröccs. Un ami argentin, Joachim, vit avec lui. Tous les 3 partons arroser les bébés arbres et ses plantes, il fait de la permaculture. Il a aussi des chèvres et sa chienne Mogy. Un bel havre de paix plein de vie. La soirée passe à toute vitesse, nous discutons sans voir le temps passer. 2h du matin, il va falloir penser à aller dormir. Une douche extérieure, sous les étoiles avant d’aller dormir sous son auvent, même pas besoin de planter la tente !

Levée à 6h30, la nuit fut courte. Mais Attila doit partir travailler à 8h, je pars avec lui. Je discute avec lui toute la matinée, je prends mon temps avant de le remercier chaleureusement et reprendre la route. J’ai encore pas mal de kilomètres pour atteindre la Serbie. Je vais déjà sur Csongrad où je vais pouvoir déjeuner. Je m’offre un repas dans une cantine où il y a du monde, plutôt bon signe. Le hic, je ne comprends pas le menu et je veux autre chose que des frites. La serveuse me propose une soupe, ok, pourquoi pas, il ne fait que 30°… et des boulettes de je ne sais pas quoi. En fait, la soupe est froide et sucrée, délicieuse, à la mangue. Et les boulettes sont aussi sucrées ! Une pâte caoutchouteuse avec de la confiture dedans. Bon bah j’ai mangé sucré, les joies de la découverte culinaire. Je ne m’attarde pas trop, je vise Szeged ce soir. J’ai 30km sur une piste cyclable que je pensais au bord de la rivière Tisza. Mais non, la forêt me sépare d’elle, je n’ai pas grand chose à voir. Je bifurque pour retrouver la route et l’orage aussi ! C’est noir, je croise les doigts, pour arriver à temps au camping. Raté. À faire la course avec l’orage, j’ai perdu. Une énorme averse arrive, ouf un abri bus. Averse, grêle, tonnerre, j’ai tout eu. L’abri bus devient vite une mare. Un gars patiente avec moi, j’ose lui demander via Google translate s’il aurait de la place dans un jardin humide pour ma tente, il me fait non de la tête. J’attends avant de perdre patience. Ça se calme, j’y vais. Je retente plus loin en demandant à un couple dans leur garage. C’est non. Je ne vais pas demander à toutes les maisons, alors je décide de faire les 20km qui me séparent de Szeged. Il ne pleut plus mais les éclairs éclatent de partout ! C’est encore menaçant, pas de temps à perdre. La ville est plus grosse que je ne le pensais, il me faut le GPS pour arriver au camping mais avec la pluie je ne vois rien.. 19h, 100km, je suis vidée mais heureuse d’être arrivée au camping. Je peux planter ma tente près d’une table abritée, prendre une douche, cuisiner. Comme d’habitude je plante ma tente sous le seul lampadaire du camping. Et moi qui pensais pouvoir rattraper le sommeil perdu ces dernières nuits, je vais vite déchanter. Ma dernière nuit en Hongrie a été affreuse, entre les orages, les averses, les boîtes de nuit et la musique, je n’ai pas pu recharger les batteries.

Alors c’est un peu fatiguée que j’entame mes derniers kilomètres hongrois. J’ai 12 kilomètres pour faire le point sur cette semaine en Hongrie. Je n’ai pas été charmé par les paysages traversés mais plutôt par les Hongrois eux-mêmes. J’ai fait de superbes rencontres, avec beaucoup d’entraide et de générosité. Maintenant, il est temps de traverser la frontière avec la Serbie, pays que j’appréhende un peu. Il faut dire qu’il y a 2 ans, je l’ai déjà traversé et je n’en garde pas que de bons souvenirs… 

https://www.komoot.com/collection/2992892/-hongrie

One thought on “Jó napot Hongrie – 436 km

  1. Que tu es téméraire, persévérante, courageuse et aventurière !
    Bonne continuation avec autant de bonnes surprises.
    Bisous 😘

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