La Roumanie, Constanta et la mer noire – 200km

L’heure du goûter passé, il est temps de traverser la frontière. Nous voilà en Roumanie ! Bientôt 17h, nous pédalons à la recherche d’un coin pour bivouaquer. Pas de camping à l’horizon. On fait d’abord quelques courses histoire de s’offrir un festin ce soir. Notre quête d’un coin idéal pour dormir près du Danube semble bien compromise : d’abord nous nous retrouvons à pédaler en hauteur dans un chemin interminable avec la hantise d’y laisser un pneu ou une sacoche.. puis nous nous rendons vite compte que les quelques plages au bord du Danube en Roumanie sont malheureusement très sales et pas très bien fréquentées. Les déchets sont laissés à l’abandon en pleine nature, quelle tristesse. Nous trouvons une petite plage pour au moins se baigner et se laver mais pas de quoi planter la tente. Mais l’heure tourne, les jambes fatiguent, il est temps de trouver où dormir. Suivant les conseils de Mirjana, rencontrée en Serbie, nous allons toquer à la porte d’un monastère. Une première pour nous deux. Et effectivement, les moines nous ouvrent leur porte. Le soleil commence à se coucher sur le monastère de Dervent. La belle luminosité du soir et le silence des moines font de ce lieu clos une petite parenthèse spirituelle. Comme il est déjà 20h, nous dînons tous les deux dans la cour du monastère. Au menu pâtes, tomates, poivron, fromage (festin de bivouac !). La nuit est tombée, il est temps d’aller dormir dans notre chambre, au 2e étage, sous les toits.

J’étais enchantée à la vue des petits lits qui avaient l’air très confortables pour la nuit. J’ai déchanté rapidement. La nuit n’a pas du tout été bonne. Ce n’était pas si silencieux que je le pensais avec les aboiements des chiens errants dans la cour, une chaleur étouffante dans la chambre et l’impression de partager mon lit avec des puces… ces nuits-là j’aime autant dormir sous ma tente! Heureusement il nous reste de l’énergie en réserve car aujourd’hui nous avons un but : Constanta ! Ce soir, nous verrons la mer. Mais pour ça, il faut achever les 118km et les 1000m de D+. La journée va être longue. Heureusement qu’il y a quelques divertissements sur la route pour casser la monotonie de ces montées/descentes incessantes : d’abord un téléphone qui sonne par terre sur une route au milieu de nul part, je réponds mais ne parlant pas le roumain j’arrive à faire comprendre à la personne que je vais le déposer à la prochaine station service. On se retrouve, elle souhaite nous offrir à boire pour nous remercier. J’imagine son soulagement de retrouver son portable, où il y a finalement “toute notre vie dedans” ! Puis un vol de cigognes vient égayer la journée. Un déjeuner à l’ombre pour se requinquer avec en dessert des raisins offerts par un vendeur sur le bord de route. Des jeunes filles qui vendent des limonades faites maison pour avoir un petit gagne pain. Et puis la pluie et le vent, qui s’intensifient au fil des kilomètres. Les derniers kilomètres sont durs. La mer se mérite ! Surtout qu’on se retrouve au bord d’une 4 voies ! Ce n’est plus très fun. Mais à mesure que les dernières bornes défilent sous nos yeux, l’excitation monte ! Et la voilà ! J’en ai des frissons, la mer noire est sous nos yeux. Après tout ce chemin parcouru le long du Danube, de voir cette immensité bleu au loin (oui car ce soir nous la voyons de loin) a quelque chose d’émouvant. Mais pas le temps pour les rêveries, il nous faut savoir où dormir ce soir. Et on n’est pas bien organisé sur ce coup-là… car nous sommes dans une grande ville, et finalement plus cher que l’on pensait. Naïvement je m’étais dit qu’avec le leu roumain la vie n’était pas cher. Mais nous sommes sur la côte, lieu touristique, au mois d’août. Grâce à Booking on trouve une chambre pour pas trop cher, seulement 3km de vélo, les derniers. 

Le lendemain matin, l’orage est passé. Nous allons prendre un petit déjeuner de roi au centre ville. De là, Jean-Luc qui était encore indécis sur la suite de son parcours, décide de continuer la route avec moi jusqu’en Turquie. Je ne comptais pas m’arrêter davantage à Constanta, cette ville ne m’a pas charmée. Après un rapide tour, des photos souvenirs devant la mer, nous repartons. Cette fois nous prenons la direction du sud, la mer à notre gauche. Il y a encore une soixantaine de kilomètres jusqu’à la frontière pour la Bulgarie. L’idée est d’aller dormir un petit peu avant. On commence à pédaler qu’à 10h30, ce qui est relativement tard, surtout qu’il fait déjà bien chaud. Et pour nous ralentir encore un peu plus, une petite crevaison. Ça faisait longtemps. Cette fois un petit cailloux qui a gagné contre mon pneu arrière (toujours) pas assez gonflé.. Jean-Luc prend les choses en main, et c’est pas pour me déplaire. J’en ai marre. Et au moins c’est pas moi qui ait les mains noires, héhé. Enfin lui a une meilleure technique et ne s’en met pas partout… Nous avançons, passons quelques stations balnéaires, empruntons des routes nationales bondées, essayons de les éviter mais nous nous retrouvons sur des chemins en terre, comme toujours. On n’apprend pas, toujours à penser que les petites routes seront un bon repli, que nenni. Soit tu as de bonnes routes goudronnées mais tu subis le trafic, soit tu es solo sur les routes, mais tu subis les secousses. Après quelques kilomètres sur des chemins où nous avançons à 15km/h, le choix est vite fait. Nous avons visé Vama Veche, la dernière ville roumaine avant la frontière où il y a beaucoup de camping. C’est l’occasion de tester un camping roumain. Bon ce soir-là c’est pas vraiment un camping, mais plutôt le jardin d’un couple roumain qui y ont installé des sanitaires. Le temps est noir, on arrive sous une averse. Depuis qu’on est vers la mer, le temps est très orageux. La pluie cesse, on monte nos tentes avant d’aller enfin se baigner ! Après l’avoir longé toute la journée, c’est mérité. Si on oublie le monde autour et les parasols, c’est un vrai bonheur. Après des centaines de kilomètres à vélo, il y a une sensation d’achèvement. Alors que je ne suis pas encore arrivée… mais c’est une première étape de franchie. Jean-Luc me convainc et m’offre le restaurant ce soir. J’étais prête à manger des noodles mais il a bien fait, il se met à tomber des trombes d’eau. Bien contents d’être à l’abri, nous profitons des plats roumains (aux quantités astronomiques) et attendons que la pluie cesse. Fatigués et repus, nous sommes prêts à passer une bonne nuit, une grosse étape nous attend demain. Mais comme toujours, les plans ne sont pas fait pour être suivis. Cette nuit va être l’une des pires du voyage. Un groupe de roumain a décidé de faire une soirée au camping. Et j’ai eu la superbe idée de mettre ma tente juste à côté. Naïvement je me suis dit qu’ils allaient être respectueux et arrêter la musique et de glouglousser vers 23h. Nope, minuit non… même le gérant, un vieux dégoûtant qui m’a mis très mal à l’aise, était de la partie et n’a rien dit. À 3h, l’alcool et la fatigue les ont arrêtés. À 6h, nous nous levons, les cernes plein les yeux et l’envie de faire un boucan en pliant nos tentes pour se venger… mais ça serait puéril. J’ai essayé de râler auprès du petit vieux qui n’a bizarrement pas compris ce que je voulais dire. Allez, il est temps de pédaler pour calmer mes nerfs. 

Je ne garde pas un super souvenir de la Roumanie. Mais il faut dire que je n’y ai pas passé beaucoup de temps, 4 jours dont 3 sur la côte en plein mois d’août. Ce pays mérite de s’y attarder plus longtemps et d’aller découvrir davantage ses montagnes et sa campagne. La côte roumaine n’est pas vraiment adaptée au voyageur en quête d’authenticité et de nature. Les plages sont des terrains de farniente et de fête. Mais l’heure est venue de remettre les pieds en Bulgarie et d’aller découvrir d’autres paysages méridionaux.

https://www.komoot.com/collection/3056861/-roumanie-la-mer-noire

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