La France est derrière moi maintenant, c’est parti pour “descendre” en Suisse ! 15km de pur bonheur jusqu’à Monthey. La vue est superbe et je n’ai qu’à profiter. Pour cette première nuit en Suisse, je choisis le luxe et me rend dans un camping près d’Aigle, pas très loin du lac Léman. Cela me met directement dans le thème car me voilà parti pour faire la Route des Lacs !
La route des lacs
Bon le lac Léman je connais alors je ne m’attarde pas trop. Je fais la fille blasée alors que je suis toujours émerveillée. C’est juste que je sais qu’une grosse montée m’attend car je prends la direction de Bulle. L’idée est d’aller dormir là-bas. Après une belle grimpette, quelques sueurs, quelques kilomètres, la visite de Bulle, me voilà pas loin du lac de Gruyère. Je n’ai vu qu’un échantillon de ce lac. Me voilà au sud, prête à planter ma tente pour mon premier bivouac, à l’abri des regards. Petite toilette dans la rivière attenante, de la semoule déshydratée à l’eau froide pour le dîner et en prime j’ai une petite souris comme compagnie ce soir. Je me couche avec le soleil et me réveille au son des gouttes.
Une journée pluvieuse et surprenante
Je n’ai jamais été aussi efficace pour tout plier par peur que tout ne soit trempé. À 7h je suis sur le vélo. Cette journée me réserve autant de difficultés que de surprises. D’abord se motiver à pédaler sous la pluie… je me donne des petits objectifs pour avancer : le petit-déjeuner vers Gruyère, 7km de vélo. Un café à Gstaad, 40km. Mais ça c’était avant que ma journée s’illumine par la rencontre de Julie. On se double, redouble, reredouble avant d’entamer la discussion et comprendre que l’on prend la même direction : la route n°9, celle des lacs. Nous déjeunons ensemble à Gstaad (j’imagine que vous aussi vous ne savez pas comment le prononcer !), la pluie se calme par intermittence. Gstaad marque aussi la frontière entre la Suisse romande et la Suisse alémanique. Avant je pouvais tout comprendre, maintenant je ne peux même pas prononcer les villages où je passe. Mais la rencontre avec Julie, allemande, va faciliter beaucoup de choses ! Nous pedalons l’après-midi ensemble, apprenant à nous connaître entre deux coups de pédales. Nous décidons de dormir ensemble cette nuit et nous motivons à aller jusqu’au lac de Thunersee vers Spiez. La route est bien vallonnée, ma lenteur sert d’excuse à Julie d’admirer le paysage. Et c’est vrai que c’est beau ! Les prairies sont vertes, les sommets blancs, les rivières d’un magnifique bleu. Et puis dans notre élan, on double, redouble, reredouble un couple suisse. On discute en Allemand/Français/Anglais. Et après tous ces croisements, ils nous invitent à venir planter notre tente chez eux ! C’est parti on les suit. Et après 100km et 1570m de dénivelé, nous voilà chez eux. Une superbe maison secondaire, à vendre, qui offre une magnifique vue sur le lac. Claudia et Martin nous ont reçues comme des princesses, douches, risottos, thé et finalement une nuit au chaud.
Après une nuit au sec et un réveil avec une vue magnifique, un petit-déjeuner copieux, nous repartons avec Julie en direction d’autres lacs. Nous passons Interlaken, petite ville touristique qui relie le lac de Thun (d’où l’on vient) et Brienz (où l’on va). On longe ce lac avant d’arriver aux cascades de Giessbach. En plus d’être impressionnantes, elles sont rafraîchissantes. Bon maintenant passons aux choses sérieuses. D’abord reprendre des forces en profitant des superbes installations suisses pour pique niquer (tables, fontaine, WC, barbecue et bois fournis!). Prêtes à monter un col, 450m de dénivelé positif sur 4km, autant vous dire que ça pique. Julie pédale comme une gazelle, moi je suis plus un petit escargot qui transporte sa maison sur son vélo. Julie est plus légère et mieux équipée. Elle m’attend dans les montées. Mais toutes les deux arrivons en haut, fières de voir ce col derrière nous. Et finalement quelques kilomètres plus loin, nous trouvons un parfait endroit pour bivouaquer avec vue sur le lac de Lungerersee. On demande à l’agriculteur du coin si on peut s’installer dans le champ (enfin Julie demande) “Ya ya” ! C’est le luxe : fontaine d’eau gelée (toilette et lessive), table de pique nique, barbecue, toilettes et même des outils pour réparer nos vélos, si jamais ! J’ai fait rêvé Julie avec un thé chaud car je transporte une bouteille de gaz … mais vide.. alors on se réchauffe comme on peut, car à 900m, ce soir il ne fait pas chaud. On essaie de faire un feu mais tout est trempé. Mais tout ça n’entachera pas ce pur moment de liberté que nous vivons à 2. Nous devions nous quitter le lendemain car Julie part au nord à Basel en Allemagne pour un mariage. Moi je devais aller à l’Est, direction l’Autriche. Mais j’ai le temps.
L’aventure à deux
Alors comme l’aventure avec Julie prend une très belle tournure, et que je ne veux pas quitter la Suisse trop vite, je décide de la suivre sur quelques jours ! On fait donc un grand tour autour des lacs : Lungernesee, Sarnersee, lac des quatres cantons. C’est un vrai régal pour les yeux ! Bon il ne fait pas toujours très chaud pour s’y baigner. Sauf quand on dort près d’un lac, idéal pour une session douche. Surtout que j’apprends beaucoup de Julie, plus téméraire. Moi quand je vois un panneau “camping interdit”, je ne m’y risque pas. Et bien elle si ! Et effectivement on bénéficie de superbes spots avec tables et WC !
Pour notre quatrième jour ensemble, nous longeons… un lac, Zugersee. Ce jour-là, nous nous rendons à Lucerne. Malgré le peu de temps passé dans cette ville, j’ai beaucoup aimé son très beau centre historique, entre lac et rivière. Toute deux un peu exténuées, nous nous requinquons avec des spécialités dont seule Julie arrive à prononcer à la boulangerie : Fruchtwähe (cheesecake oignons/fromage -> une tuerie) et Mandelstange (pâtisserie à l’amande et frangipane). Mais cela ne suffira pas à nous redonner beaucoup d’énergie. Chaque montée devient une souffrance. Alors Julie suggère que nous demandions à une ferme un bout d’herbe. Avec mon anglais ça ne fonctionne pas, Julie vient à la rescousse et nous négocie un bout de jardin! Et une douche, des toilettes, une terrasse le tout avec vue sur les montagnes. Après 3 jours sans douches, on est si heureuse. On est au top, que demander de plus ! Ce soir on peut même cuire la polenta : on a trouvé du gaz sur la route. (NB : après expérience ratée, je vous confirme que la polenta ne gonfle pas dans l’eau froide, même après 24h!). Et pour finir en beauté, Evelyne, la maman, nous apporte cakes et thé sur un plateau ! Nous sommes tombés sur une superbe famille. Le papi nous invite chez lui et nous montre les photos de famille.
Le lendemain, nous avons décidé de prendre notre temps ! Et pour bien commencer là journée, nous sommes invitées à prendre le café (et le petit-déjeuner) chez Évelyne. On rencontre toute la famille et même le chauffeur qui amène la nourriture aux bêtes. Dans cette cuisine, on parle toutes les langues – français, anglais, allemand. On switch d’une langue à l’autre. Un beau melting-pot. Une petite réparation sur mon vélo (j’ai perdu une vis de mon porte bagage) et c’est reparti. À peine 13km et nous voilà de nouveau au bord d’un lac, Sempachersee. Cette fois on s’y baigne, le beau temps est revenu, il y a même un “self-service” où on peut acheter des gâteaux faits maisons et dont l’argent revient à une asso. J’ai été conquise par ce système de “self-service” qu’il y a partout en Suisse. Surtout près des fermes, on trouve donc des produits locaux directement chez le producteur (légumes, produits cuisinés, glace, yaourt, viande, charcuterie…), on se sert et on paie nous-même (il y a même parfois la monnaie en libre service pour faire l’appoint). La confiance règne en Suisse !Après cette pause détente, direction un énième lac pour le déjeuner. Bon là ça grimpe, on sue et je perds Julie car loin devant, on ne prend pas la même route. Pas de portable, ouf, elle revient en arrière et on se retrouve. Une baignade, un déjeuner et nous continuons… vers un autre lac ! Le dernier, de notre périple en commun. Pour notre dernière soirée nous faisons un bivouac au bord d’une petite rivière. Parfait pour une douche fraîche, une lessive et la vaisselle après un dîner à base de Polenta (j’ai jamais autant mangé de polenta, 500g ça fait beaucoup (trop) de repas, overdose de polenta !).
Nous pédalons ensemble une dernière journée jusqu’à la frontière allemande. C’est là qu’on se quitte, après un énième iced coffee. Les au revoir sont un peu difficiles, l’aventure avec Julie était géniale ! Une femme très inspirante avec qui j’ai aussi beaucoup de points communs. Vivement le prochain tour de vélo avec elle !
L’aventure en Suisse se termine … Sous la pluie
En attendant, j’ai aussi une invitation à un mariage, mais en Turquie. Alors j’ai encore quelques kilomètres à faire. Direction le lac de Constance. Je suis le Rhin jusqu’au lac. Bon ce n’est pas le lac dont je garderai le meilleur souvenir. D’abord parce que Julie n’était plus là, puis il manque un peu de montagnes en arrière plan mais surtout parce que sous une pluie battante, c’est beaucoup moins charmant ! Oui, l’aventure en Suisse se termine en K-way !
J’espère que je vais trouver du soleil, d’aussi beaux paysages et faire d’aussi belles rencontres en terre autrichienne…