Bienvenue en Autriche
Il est 15h, je laisse le lac de Constance derrière moi ainsi que la Suisse et la pluie. Nous sommes le 21 juin, et en ce jour d’été j’ai espoir de trouver le soleil à la frontière avec l’Autriche ! Je retrouve le Rhin que je longe sur quelques kilomètres avec en ligne de mire les Alpes. Quel bonheur de retrouver les montagnes dans mon champ de vision. Mais ce petit moment de joie et de complétude prend vite fin quand je vois de nouveau de gros nuages noirs arrivés dans ma direction ! On oublie l’idée d’aller boire un café, là il faut trouver un abri pour le soir. Et avant même d’avoir pu frapper à une porte, un cycliste m’accoste à un croisement de route. En allemand d’abord, impossible de le comprendre, il répète en anglais quelque chose comme “tu devrais aller dans l’autre direction, la pluie arrive là-bas”. Je lui explique que je vais malheureusement dans ce sens mais que je suis à la recherche d’un endroit au sec pour la nuit. Et spontanément, il me propose de le suivre chez lui ! On ne perd pas de temps, il commence à tomber des gouttes et arrivé chez lui, il tombe des trombes d’eau ! Superbe timing mais difficile de croire que nous sommes en été.
Une journée de repos !
Voilà comment j’ai rencontré Konrad et Andréa, un super couple qui vit à Hohenems. Ils m’offrent ce soir là un toit pour la nuit, un risotto aux asperges du jardin (Konrad est autant amoureux d’Andréa que de son jardin!) et une très bonne soirée. Ils parlent allemand, Konrad parle bien français et est tout content de pouvoir pratiquer avec moi. Mais Andréa ne le parle pas donc tous les 3 nous parlons anglais. Et leur générosité n’ayant pas de limites, le lendemain, ils me proposent de rester me reposer si je veux. J’accepte avec grand plaisir, l’occasion de passer une journée marquée par l’histoire autrichienne. D’abord par une petite randonnée avec Konrad qui me fait monter voir les ruines du plus grand château d’Europe du XIIIe siècle ! De là haut nous avons une superbe vue sur la vallée que Konrad connaît très bien. Puis j’ai l’opportunité d’assister à la sortie des mariés du compte Caspar et la comtesse Léonie (j’imagine que vous non plus vous ne connaissez pas ces personnes !). Mais ce ne sont pas n’importe qui, le roi et la reine des Pays-Bas étaient présents ! Andréa faisait partie de la chorale à l’église, les fanfares et militaires étaient là, ainsi que tout ce beau monde en robe, talons aiguilles et costards de pingouin. Bizarrement je n’étais pas invité à ce mariage là ! Je rencontre une amie à Andréa avec qui j’assiste aux passages des mariés. Margarette parle aussi français, elle est tout aussi contente de pouvoir pratiquer. Je suis invitée à rester plus longtemps si je le souhaite pour faire professeur de français ! L’après-midi, j’accompagne en train Konrad et ces 3 petits-fils à Feldkirch, petite ville autrichienne que j’ai pu visiter sous la pluie. Une journée sans vélo mais pas de tout repos donc !
C’est ainsi qu’a commencé l’aventure en Autriche. Konrad et Andréa sont très inspirants, un couple qui me fait croire en l’amour mais aussi aux plaisirs simples qu’aime partager Konrad. Il fait lui-même son fromage et son pain, je suis fan. Ils m’ont aussi montré les différentes routes possibles pour rejoindre Innsbruck, point de rdv avec mes parents mardi prochain. J’ai 3 jours de vélo, environ 230km et 2810m de dénivelé positif… autant vous dire tout de suite, j’en ai chié.
Dans les Alpes autrichiennes
Konrad a contacté un ami à lui qui habite Au, dans les montagnes. Pour m’y rendre, je traverse la vallée de Bregenzer Ach avec les gros chalets en bois reconnaissables à leurs “écailles de poissons”. 53km et 740m de dénivelé plus tard et grâce aux indications d’Andréa et Konrad, je retrouve facilement la grosse maison typique de la région où habite leur ami Louis. Attenante à cette maison vieille de 300ans, il me propose de dormir dans une très belle pièce où sa femme fait sécher les plantes. Il m’allumera même un petit feu dans le poêle, à 800m d’altitude on sent la fraîcheur. Je dîne avec lui et Léonie, une jeune allemande qui vient de s’installer dans la région en tant que charpentière. Louis nous propose SA spécialité, une soupe de légumes du jardin. Accompagnée de vin rouge français, la soirée sur le balcon est fabuleuse.
J’ai pu reprendre beaucoup d’énergie, surtout avec le petit-déjeuner copieux que m’offre Louis le lendemain matin. Je suis prête à affronter le col de Hochtann : 830m de D+ sur 18km. À vitesse d’escargot il m’a fallu 3h. Trois heures interminables mais tellement fière d’être en haut. Je mérite une photo souvenir ! (Il en restera une photo memorable!) Et maintenant place à la descente. Quel plaisir ! Me voilà dans la vallée du Lech, c’est magnifique. Je longe la rivière du même nom, entourée de montagnes et de villages où je retrouve les clochers rouge et pointus, propre à la région du Tyrol. Pour terminer cette journée, je trouve un camping près d’un aérodrome normalement réservé aux pilotes (j’en suis presque une, à vélo ..).
Nous sommes mardi matin, ce soir je retrouve mes parents ! J’ai hâte. Mais je sais qu’avant ça, j’ai encore de belles grimpettes. Heureusement que chaque vallée offre de superbes vues à 360° et me fait oublier mes souffrances. Encore deux “petits” cols, une averse, des lacs et je retrouve mes parents au camping de Telfs. Ça fait trois semaines qu’on ne s’était pas vu mais avec tout ce que j’ai déjà vécu, ça me paraît beaucoup plus. C’est parti pour une semaine tous les trois.
Des vacances en famille
Nous restons 2 nuits à Telfs, 2 nuits un peu humides… mais pas de quoi nous freiner, nous arrivons à faire une belle randonnée dans les montagnes. Enfin… entamer une randonnée, car la pluie nous a coupé dans notre élan et nous ne verrons malheureusement pas le lac visé. Et heureusement qu’ils sont sportifs et téméraires car je ne leur ai pas fait prendre l’itinéraire le plus simple.
Mes parents sont en van, difficile donc de faire de l’itinérance en vélo tous les trois. Mais on trouve une très bonne solution (surtout pour mes jambes) et nous mettons mon vélo dans le van (car leur portes vélos n’ai fait que pour leur 2 vélos). C’est une semaine de “repos” pour mes jambes et mon vélo ! Et nous pouvons donc bouger, en van ! Pour m’avancer un petit peu, nous allons en direction de Salzbourg. En chemin, nous visitons Innsbruck, que j’ai beaucoup aimé ; le lac de montagne Achensee, très furtivement car la pluie nous a chassé ; et nous passons la frontière allemande pour voir d’autres lacs comme Tegernsee. Finalement nous nous posons deux nuits au bord du lac de Simssee. L’occasion de se faire piquer par les moustiques et de faire le tour du lac de Chiemsee à vélo le temps d’une belle journée ensoleillée. 70km, mes parents sont aussi en forme que moi, si ce n’est plus, j’ai du mal à les suivre dans les petites montées ! Et pour trouver de l’énergie, rien de mieux que des bières allemandes et des glaces italiennes.
Les moustiques nous chassent de cet endroit et partons donc trouver un camping vers un des nombreux lacs près de Salzbourg. En faisant plouf plouf, j’ai choisi le plus touristique, le lac de St. Wolfgang… nous sommes samedi, premier weekend de juillet, magnifique journée, autant vous dire que tous les campings étaient complets. Sauf le dernier, par chance, où nous trouvons une place, et avec une superbe vue sur le lac. Le lac de St Wolfgang et sa région sont magnifiques, mais je suis déçue car il n’y a plus rien de sauvage au bord du lac. Ce ne sont que des plages privées ou payantes. Après la Suisse, ça fait très bizarre de se retrouver dans un endroit qui a perdu tout son naturel. Malgré tout, nous pouvons profiter du cadre. On oublie le petit train à crémaillère qui mène au plus haut sommet de la région, le mont Schafberg 1783m. À 36€ la montée, on va prendre nos jambes et viser un peu moins haut au sommet d’à côté. Nous montons au Mont Vormauerstein, 1450m d’altitude. La vue est incroyable et mérite d’avoir sué tout du long ! (Et pas de regret quand on voit le mont Schafberg dans les nuages !). Nous en profitons aussi pour visiter la belle ville de Salzbourg, qui mérite vraiment le détour, ses ruelles dans son coeur historique inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1996, ses petits passages, ses églises baroques et ses places, sa forteresse médiévale du XIe siècle, une des plus grosses d’Europe, ses collines et ses falaises, il y a beaucoup à voir. Pas de concert de Mozart ce soir-là, mais le match de football des bleus dans un pub irlandais. Et pour finir en beauté, un petit tour de vélo de 67km qui nous permet de voir plusieurs lacs aux alentours.
Une merveilleuse semaine qui prend fin autour de viennoiseries autrichiennes, d’apfelstrudel et de croissant à la cannelle. Car ça y est, en ce mercredi 3 juillet, il est temps de se séparer. Eux rentrent tranquillement sur Lyon, quant à moi, je reprends la route en direction du Danube et de Vienne.
Coucou Mathilde, ton voyage nous évoque des souvenirs. Souvenir d’avoir dormi chez l’habitant en Suisse ds une maison toute en bois comme celles de tes photos. Nous l’avions surnommée la maison hantée, je te raconterai pourquoi plus tard.
Nous avions fait la même vallée que toi en Autriche d’après ton graphique.
Tu fais toujours de belles rencontres, des gens généreux, des surprises tous les jours.
Génial le périple avec tes parents, tu leur en fais voir ! Mais heureusement qu’ils sont sportifs.
Bonne route et tout de bon pour la suite !