L’Est de la Bulgarie – 410 km

À peine 2 km à faire ce matin et nous passons la frontière. Rebonjour Bulgarie. On ne s’est pas quittés longtemps, 3 jours. J’ai contacté Bart et Sofie sur le site Welcometomygarden.com qui peuvent nous accueillir dans leur jardin près de Varda ce soir. On a donc de la route, environ 116 km et de nouveau beaucoup de dénivelé. Ça ne rigole plus. Heureusement mes jambes se sont fortifiées et c’est “presque” de la rigolade. Nous prenons de beaux détours, qui nous font longer la côte. Des falaises, de superbes points de vue, de la tranquillité, des fruits, une baignade, de quoi profiter de la journée avant de rejoindre nos hôtes. Ils habitent dans des petites rues, dans les hauteurs. Obligés de pousser le vélo tellement les pentes sont raides. Heureusement que Google maps existe, c’est un vrai labyrinthe. Nous sommes accueillis par Sofie. Elle nous explique qu’ils sont des Belges expatriés grâce au travail de son mari dans une banque. Ils sont là pour 5 ans. Nous sommes très bien accueillis, le jardin est grand, de quoi trouver de la place pour nos tentes. Après une douche à l’eau chaude solaire, nous allons faire 2-3 courses car ce soir ils nous mettent à disposition leur cuisine extérieure. Trop bien. Je ne peux malheureusement pas faire de la grande cuisine mais rien que d’utiliser des ustensiles, je suis aux anges. Cuisiner me manque. Ce soir c’est pâtes au pesto/légumes. On se régale. Et après cette grosse journée, manger un plat chaud fait du bien.

Le lendemain, on a une mission : trouver le Decathlon de Varda. Varda est la 2e plus grosse ville de Bulgarie, on n’était pas près… Il nous a fallu 12 km rien que pour arriver au Decathlon. On achète chacun rustines, sac de transport pour vélo (en prévision du bus à prendre pour le retour) et moi des plaquettes de frein. Un peu plus chargés donc, on peut repartir. Déjà, sortir de Varda est une autre mission. Car on est obligé de traverser le pont d’Asparuhov, un pont de 1,5 km, avec beaucoup de trafic et pas de pistes cyclables. On serre les fesses et on prie d’arriver en vie jusqu’à l’autre côté du pont. Ouf, mission réussie. Bon je n’avais pas vraiment regardé le dénivelé positif du jour.. premier coup de cul, une côte en douceur bordée par la forêt, où se trouvent de nombreuses prostituées. Je les regarde, je me pose beaucoup de questions sur leur destin et le mien, la chance que j’ai, je savoure d’autant plus ma liberté. On reprend des forces près d’une église, sous un auvent car le ciel est menaçant. Deuxième coup de cul. Troisième coup de cul, affreux, on se fait attaquer par des moucherons ! Impossible d’aller vite pour les semer, il faut fermer la bouche et les narines. On les sème dans la descente. On retrouve la mer. Nous nous posons sur une plage, le temps d’un iced coffee et d’une averse avant de reprendre la route pour les derniers kilomètres qui nous mènent à un camping. Démoralisés, le camping est plein. La réceptionniste nous suggère d’aller plus loin, camper en bord de mer. Voilà comment on a échoué sur la plage. Un magnifique bivouac. Petite toilette à l’eau salée avant un dîner face à la mer. Bon évidemment il faut accepter d’avoir du sable de partout mais ce n’est rien quand on voit la chance qu’on a d’être ici.

Et quoi de plus fantastique que de pouvoir profiter d’un magnifique lever de soleil sur la mer noire ?! Ça vaut la peine de se lever tôt, 5h50 pour attendre sur le sable froid que le soleil sorte sur l’horizon. Magnifique. La journée ne pouvait pas mieux commencer. Et il faut emmagasiner de l’énergie car nous entamons notre journée par un petit col. Il fait chaud, il y a beaucoup de trafic et peu de place pour nous sur le bas-côté. Mais ces désagréments sont vite oubliés quand vient le temps de la descente avec une superbe vue sur la côte et la mer. De nouveau sur la côte, nous reprenons des forces avec un banista (burek bulgare). Les kilomètres défilent. Nous sommes obligés de rentrer un peu dans les terres pour éviter cette grande nationale où les voitures roulent vite. Pas de regret, nous trouvons une fontaine, prisée par les locaux. L’occasion de discuter avec eux et d’acheter des tomates et des raisins pour midi. Nous arrivons près de Bourgas en début d’après-midi. Nous longeons le lac Atanasovsko, où se trouvent des marais salants qui lui donnent une très belle couleur rosée. C’est surtout un “spa” extérieur. Nous pouvons voir quelques touristes recouverts de boue se rincer dans la mer noire qui est à 2 pas du lac. Pas de bain de boue pour nous, mais une glace en bord de mer, autre passion de Jean-Luc après la pastèque. Pas besoin de rentrer dans la ville, les quais en bord de mer sont très bien aménagés pour les vélos. En plus de se trouver en bord de mer, Bourgas est entouré de 3 lacs. Nous ne sommes jamais très loin de l’eau. Nous faisons tout le tour du golfe de Bourgas. Pas toujours facile. Il y a quelques fois des pistes cyclables, dont certaines aboutissent sur… une nationale à 4 voies. Et nous sommes du mauvais côté, en sens inverse des voitures. Des policiers sont sur le bas-côté, je leur demande où peut-on passer. Avec le sourire, il me répond que nous pouvons rouler dans le sens inverse, mais de “bien serrer car c’est un peu dangereux”. Sans blague. Heureusement ce n’est que sur 200m mais tout de même, voir les voitures arrivées face à nous à 90 km/h, ce n’est pas hyper rassurant. On retrouve une route secondaire qui longe cette nationale. Route abandonnée, des trous, des milliers de trous. Alors oui on est en sécurité, mais non, on n’avance pas. Le moral est mis à rude épreuve. Il s’agit maintenant de trouver un coin pour la nuit. Les côtes sont très prisées par les bulgares. Il y a des caravanes de partout ! Difficile de savoir si ce sont des campings ou du camping sauvage. Nous, après avoir fait quelques courses, on choisira de bivouaquer sur la plage. C’est pas l’idéal car on est loin d’être isolés, mais pour une nuit ça ira très bien. Le lieu reste très beau avec Bourgas au loin. Et le coucher de soleil est splendide. Voilà comment nous apaiser et finir la journée en beauté.

On ne tarde pas le matin. On a encore un peu de dénivelé aujourd’hui, l’idée étant de se rapprocher de la frontière avec la Turquie ! L’excitation monte. Mais d’abord nous avons encore une cinquantaine de kilomètres à faire sur la côte. L’occasion d’une nouvelle crevaison pour Jean-Luc ; de profiter des paysages – pas toujours idylliques, plages de parasols et de constructions en béton jamais achevées ; d’un burek et de gözleme (crêpe turc). Nous arrivons vers midi à Tsarévo, dernière ville bulgare de la côte. Optimistes, nous n’achetons que le minimum pour midi (une petite pizza) pensant que nous traverserons bien des villages pour acheter de quoi manger le soir même. Car fini la rigolade, maintenant nous partons dans les montagnes. Pas question donc de trop s’alourdir. Ce qu’il y a de bien à regarder le dénivelé à l’avance, c’est que souvent, je me dis que ça va être super dur et finalement, une fois qu’il faut grimper, bin ça va. Comme cet après-midi. En plus on a la route pour nous tout seul. Enfin pas si seul, on doit la partager avec les mouches !! Le retour. C’est vraiment pénible. Et puis on croise des militaires, pas mal de militaires. Nous apprendrons que comme nous sommes près des frontières avec la Turquie, les forêts bulgares sont très surveillées contre les réfugiés… Dans cette ambiance très différente de la côte, nous allons jusqu’à un petit village, recommandé pour bivouaquer. Alors il y a des maisons, mais pas d’habitants. Ils sont 6 à vivre ici ! Il y a tout de même une chapelle et surtout une machine à café ! Du coup, malgré la désertion du lieu, les quelques voitures qui passent s’arrêtent boire un café ! Un gars du village nous rassure, pas de problème pour mettre nos tentes près de la chapelle, et pour ce soir, ce petit snack sera ouvert ! Niquel. Petite toilette au gant dans les toilettes au fond du jardin (c’est déjà cool d’avoir un point d’eau, on va pas râler sur l’hygiène des toilettes…). Jean-Luc était parti pour changer mes plaquettes de frein, mais on se rend compte qu’elles ne sont pas adaptées à mon vélo… Bon bin va falloir attendre la prochaine boutique de vélo. Le soir nous pouvons dîner des saucisses et des kofte cuits au grill par le patron. Un autre homme que l’on avait aperçu dans l’après-midi mais qui ne parle pas un mot d’anglais, revient avec un petit cadeau nature fait de pommes de pin et de coquilles de noix pour nous deux. Nous sommes tombés sur un petit hameau avec des personnes très sympas. Jean-Luc aurait presque pu repartir avec les lunettes du patron! Une très belle manière de finir notre séjour en Bulgarie.

Car oui, le lendemain, il ne nous reste “seulement” 40 km pour atteindre la frontière turque. Enfin 40 km qui piquent un peu dans les jambes. Heureusement la fraîcheur et le calme de la forêt font “presque” apprécier le moment. Si on oublie ces satanés mouches, toujours là. Petite halte à Malko Tarnovo, dernière ville bulgare avant la frontière. Nous mangeons un super pain/brioche au fromage pour nous redonner des forces (car c’est loin d’être fini les montées!). Et aussi l’occasion de dépenser nos dernières pièces bulgares pour acheter à manger pour midi. Le village est à 340m d’altitude, la frontière avec la Turquie, à 660m. 7 km entre les deux. La Turquie se mérite ! Mais ça y est, la voilà !

Après avoir longé la Bulgarie du nord ouest au sud est, je peux dire que j’en ai vu du pays. Malheureusement les Bulgares ne sont pas faciles à aborder. La langue et une certaine retenue font que je n’ai pas eu beaucoup d’occasion de passer du temps avec eux. Et je confirme : les routes bulgares ne sont pas faites pour le vélo. Ou alors il ne faut pas faire comme moi et avoir le nez en l’air mais rester concentré sur la route à l’affût de chaque nid de poule. Mais la Bulgarie, en plus de superbes paysages, m’a mis l’eau à la bouche par sa cuisine aux influences turques. Alors voilà, l’excitation est à son comble à 7 km de passer la frontière. Dernier pays de l’aventure, je suis un peu émue d’être déjà arrivée en Turquie. 

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