Le temps est gris ce dimanche matin, j’attends que la pluie cesse un peu. Je peux reprendre la route avec le k-way – indispensable compagnon – et prendre la direction de la Slovénie !! Ce pays, je l’attendais avec impatience. J’en ai entendu tellement de bien, sur les paysages et sur les slovènes. J’arrive sous la pluie, ne dit-on pas voyage pluvieux, voyage heureux ?! J’ai une vague idée de mon itinéraire. J’hésite à partir dans les montagnes une fois à Kranjska Gora car le temps ne s’améliore pas. Et puis zut, l’appel de la montagne est plus fort que la pluie qui tombe. Je prends à droite direction le Parc National du Triglav et le col de Vršič. L’avantage c’est qu’il fait frais, idéal pour grimper les 800m de dénivelé. L’inconvénient c’est que la vue est très bouchée. Je ne vois pas les sommets, tout est dans le brouillard. Un peu de regrets de ne pas profiter pleinement de la vue mais une fois à 1611m en passant sur l’autre versant, je retrouve le soleil !! Plus de regrets, la vue est magnifique sur les montagnes slovènes !! Maintenant place à la descente. J’apprends que cette route a été construite durant la Première Guerre Mondiale et achevée en 1917 par les prisonniers russes, dans de terribles conditions, il y a un monument en leur honneur. Me voilà dans la vallée de Trenta qui longe la rivière de la Soča. On est dimanche, je n’ai pas pensé à faire de courses la veille, je décide de m’arrêter à un camping près d’un restaurant. Premier camping slovène, bien différent de l’Italie, là chacun se pose où il veut et chaque coin d’herbe est rentabilisé. Je trouve un coin à côté d’une grosse tente. Mes voisins sont une famille néerlandaise. Et spontanément, Frits qui est en train de cuisiner du riz avec des légumes – oui, lui peut cuisiner au camping, bien mieux équipé que moi… – me propose de me joindre à eux pour le dîner car il en a trop fait. Roos et Mayla, leur deux petites filles, n’ont effectivement pas beaucoup d’appétit, je finis les restes ! Nous passons une très bonne soirée. Après manger, je joue au UNO avec les filles.
Le lendemain matin je leur dis au revoir, eux partent se promener dans les gorges de la Soča, je reprends la route. Je continue de longer la rivière jusqu’à Bovec, ça descend c’est agréable mais il y a beaucoup de trafic.. Je peux faire des courses, je me laisse tenter par un “burek”, sorte de feuilleté fait de pâte filo avec du fromage blanc battu avec des oeufs. C’est gras, c’est bon. Je prends une pause au parc pour déjeuner au côté d’un couple d’espagnol. Le mari, qui adore le vélo, est jaloux : je fais quelques envieux sur mon passage ! Ils me donnent quelques conseils sur la Slovénie avant de nous quitter. Je roule toujours le long de la Soča, toujours autant de trafic, toujours en descente ! Je vais jusqu’à Kobarid, puis, enfin je peux prendre une route secondaire, beaucoup moins fréquentée à travers des hameaux. Éreintée, je décide d’arrêter là après 55km car il fait chaud, il y a un camping près de la rivière, parfait. Camping slovène, on se met là où l’on veut mais ici il y a tout un espace interdit aux voitures, pas mal. Bon le côté rivière est pris d’assaut, je m’éloigne. Petit rituel du soir Tente-Douche-Lessive (TDL) et je peux prendre ma première bière slovène, une Lasko. De retour à ma tente, je suis envahie par deux grosses tentes !! Je commence à rouspéter intérieurement, pourquoi se coller à moi alors qu’il y a quand même de la place. Et les deux familles viennent s’excuser, ne sachant pas que leur tente prendrait autant de place ! Je leur dis que ce n’est pas bien grave, je ne reste qu’une nuit et puis, j’ai l’impression de faire partie de leur famille! Voilà comment a commencé mon adoption de deux jours avec deux superbes familles polonaises. Ils m’offrent le dîner, pâtes au pesto. Hier soir je mangeais avec des hollandais, à midi des espagnols, ce soir des polonais, mon voisin de droite, aussi à vélo, est autrichien, j’adore ce melting-pot !
Le lendemain, je retrouve les familles polonaises après mon petit-déjeuner (je suis matinale!). En discutant avec eux, j’apprends qu’aujourd’hui ils partent marcher à la montagne. Je trouve l’idée géniale et leur demande si je peux me joindre à eux. Mes jambes ont besoin d’une pause, à défaut de pédaler, elles vont grimper. 800m de dénivelé positif sur 5km. Nous démarrons à 1000m. Sur le chemin, une fromagerie traditionnelle où nous pouvons déguster du fromage à pâte molle et une sorte de ricotta encore chaude. Très bonne adresse si vous cherchez du fromage local, bon et pas cher (bon, il faut un peu grimper dans les montagnes quoi…). 5km de grimpette pour atteindre un lac (en eau!!). La vue est splendide ! Il est 17h, il est trop tard pour faire la boucle, nous redescendons par le même chemin. Pas drôle pour les genoux, mes jambes commencent à trembler. Nous arrivons au parking avec le coucher du soleil. Comme tout le monde est rassasié, nous arrivons juste à temps au restaurant du camping pour goûter aux burgers slovènes et bières locales. Superbe journée en leur compagnie, j’ai adoré randonner, ça change de pédaler. Par contre je vous dis pas les joies du vélo avec les courbatures de la rando pour les 2 prochains jours…
Malgré l’envie de rester partager leur semaine de vacances au bord de là Soča avec eux, je décide de reprendre la route. Je dis au revoir à tout le monde avec j’espère le plaisir de les revoir à Cracovie. Suivant le conseil du couple espagnol rencontré deux jours plus tôt, je vais voir à la gare de Most na Soči, il y a un train qui va jusqu’à Bohinjska Bistrica. Train qui prend même les voitures et donc mon vélo! La ligne est historique créée entre 1902 et 1906 “The Bohinj Railway system” avec l’un des plus longs tunnels, 6339m de long, construits à la main. Heureusement le contrôleur c’est musclor, il me soulève mon vélo comme une plume pour le mettre dans le wagon (marche de plus d’un mètre de haut…). Il y a une petite exposition sur l’histoire de la ligne dans le wagon. 45min de train en compagnie d’un couple anglais, 45min qui s’écoulent très vite, me voilà déjà à destination. Pour 4€, j’ai évité 50km et 1600m de dénivelé positif, aucun regret! Maintenant direction le lac de Bohinj. C’est un incontournable lors d’un séjour en Slovénie et malheureusement, en plein mois d’août, je ne suis pas toute seule. Je longe tout de même le lac car il reste splendide avec les montagnes autour. Au bout, un unique camping complet. Il est 17h, changement de plan. C’est le bon moment pour aller trouver un bout de jardin. Je fais demi-tour (pas possible de faire le tour complet à vélo). Je quitte la foule pour aller sur les petites routes. Me voilà à travers hameaux, tracteurs et champs. Mais ce que je n’avais pas pensé, c’est qu’il y a beaucoup plus d’appartements à louer que de maisons habitées! Tourisme oblige. J’essaie à 2 reprises de demander un bout de jardin, c’est non… je ne me démoralise pas et continue à avancer. C’est une de mes premières craintes lors de voyage à vélo, ne pas savoir où dormir le soir. Quand je vois 19h et que je ne sais toujours pas où je vais poser ma tente, le stress commence à monter. Il faut que j’apprenne à relativiser car il y a toujours une solution. Moi qui pensais faire une petite journée, me voilà à faire 500m de dénivelé positif en pleine soirée. Je monte jusqu’au hameau Koprivnik v Bohinju où j’aperçois 3 personnes au bar du coin. Je vais vers eux, demander s’ils ne connaissent pas un coin pour planter ma tente. Après réflexion, Carmen la gérante, me propose en face du bar dans le coin d’herbe. Ouf, me voilà soulagée, je peux m’asseoir avec eux et boire une bière. Tilen, un habitué, parle bien anglais, ça aide. 10 minutes plus tard, le voisin, (sûrement averti par Carmen), vient me voir et me dit qu’il n’est pas possible de planter ma tente là ! Pas de chance, il est un des garde forestier du Parc National du Triglav où le camping est interdit. Il me dit d’aller me cacher dans la forêt là où il ne me verra pas… donc le camping est interdit mais son conseil c’est d’aller faire du camping sauvage… Tilen dit de ne pas m’inquiéter, vers chez lui c’est ok, je n’ai qu’à le suivre. Là il est 21h, il faut que j’attende qu’il ait fini sa bière puis la prochaine. On est à 1000m, les températures ont dégringolé. J’ai froid mais je passe une très bonne soirée avec Tilen et Carmen, ils essaient de m’apprendre le slovène, c’est peine perdue, très difficile à prononcer et à retenir. Je n’ai d’ailleurs jamais su dire bonjour en slovène du séjour… ils oublient de mettre des voyelles !! Au moment de partir, ils insistent pour que je dorme dans une chambre du bar, Carmen me propose 20€, je dis non, 10€, ils insistent vraiment, bon ok. Ça ne me plaît pas trop surtout quand je vois la chambre.. mais au moins j’ai un vrai lit et je suis au chaud. Une boîte de conserve – genre de cassoulet – mangée dans ma chambre datant des années 70, la fin de soirée est un peu glauque.
Il faut que je sois partie à 7h le lendemain (Carmen doit faire des courses), parfait comme ça j’arriverai tôt au lac de Bled, autre incontournable, autre coin bondé. A 9h sur la plage, il n’y a pas encore grand monde. Je peux prendre mon petit déjeuner avec une superbe vue. Sans trop m’attarder, je continue. Je retombe sur une piste cyclable jusqu’à Kranj, centre ville sympathique idéal pour trouver un banc à l’ombre et déjeuner. Je rencontre un couple de français en vacances à vélo qui me propose de les aider à finir leur plat au restaurant pour ne pas jeter. Je suis repue mais je l’emporte avec moi – ça sera mon dîner ce soir. Nous discutons un moment, ils viennent de Saint Etienne. Nous repartons ensemble, car nous avons la même envie pour demain : visiter Ljubljana. Ils s’arrêtent à un camping le long de la route, je continue jusqu’à l’unique camping à Ljubljana qui me permettra d’aller visiter la ville en bus le lendemain. Ce soir au camping je dîne avec un couple d’espagnol à vélo aussi, nous partageons nos expériences !
À 8h ce vendredi matin je suis dans le bus. Je veux être tôt en ville pour échapper à la foule. Et j’ai bien raison, les rues sont désertes. Je monte au château de Ljubljana qui surplombe la ville. De là, on a une superbe vue. Je fais un tour avant de redescendre dans le centre ville où je retrouve le monde… j’erre dans les rues de la vieille ville, beaucoup de choses à voir : la place Vodnikov et son marché, les ponts au-dessus de la rivière Ljubljanica, la cathédrale,… Pour le déjeuner, un burek ! Mais à la viande (je préfère au fromage!!) Et une pâtisserie slovène : prekmurska Gibanica. Fait de différentes couches (pommes à la cannelle, cottage cheese, noix, graines de pavot, biscuit) : bon mais bourratif. Alors pour digérer, je vais me promener au parc Tivoli, grand parc au centre de Ljubljana. Je finis ma journée en partageant une bière avec le couple de Stéphanois puis des falafels avec une belge.
Une journée est largement suffisant pour découvrir les beautés de Ljubljana, je repars le lendemain à vélo, sous la pluie…j’ai potassé la veille les différents itinéraires possibles pour la suite de la Slovénie. Si j’opte pour le plus beau, j’irai au sud-est, seulement qui dit beau dit monde, on est encore mi août, j’en ai fait les frais au Parc national du Triglav. Il me reste l’ouest, si je vais au sud je serai vite en Croatie. Va pour le nord. Donc en cette journée pluvieuse, je vais à Kamnik. Une vingtaine de kilomètres à devoir rouler bien à droite pour éviter les voitures mais pas les flaques. À Kamnik, un thé s’impose pour se réchauffer et prendre une décision. Grâce au site warmshower, équivalent de couchsurfing mais pour les voyageurs à vélo, je discute avec un local qui va ouvrir un camping, actuellement en construction mais où je peux sans problème poser ma tente. Direction Golice, un tout petit hameau en hauteur. Après un déjeuner sous un abribus et quelques kilomètres, la pluie cesse pour laisser place au soleil ! Nickel, je sèche sur les derniers kilomètres. J’arrive dans ce grand terrain de gravier face à une magnifique vue sur les montagnes alentour. Il y a tout ce qu’il faut : toilettes, eau, un container avec table et bancs, transats. Je m’y sens tellement bien que je vais y rester deux nuits et m’offrir le luxe de ne rien faire strictement rien à part lire, écrire, écouter de la musique et manger. C’est mérité, après plus de 1000km.
Et puis j’ai bien fait de me reposer car la journée suivante ne sera pas de tout repos. 95km au compteur ! Je suis remontée tout au nord de la Slovénie, près de la frontière avec l’Autriche. Un arrêt le midi au lac de Velenjsko pour se rafraîchir. J’aimerais revoir ce Slovène croisé en cours de route, quand je lui ai dit que j’allais à Dravograd (à 30km de là où je l’ai rencontré) il m’a dit que c’était encore très loin, et dans son air j’ai bien compris qu’il ne m’en croyait pas capable. Et bien si, je suis allée retrouver la rivière Drava que j’avais abandonnée en Autriche. Ce soir, je peux dormir à côté de la rivière dans un parc (avec en souvenir quelques piqûres de fourmis rouges!).
Du coup aujourd’hui je me dis que la journée va être facile, je suis de nouveau sur la piste cyclable de la Drava, jusqu’à Maribor, 60km. Que nenni. En Slovénie pas de pistes cyclables, on passe par les petites routes. C’est chouette je passe à travers les hameaux. Mais ce n’est que montées et descentes. Mon frein arrière ne marche plus, le frein avant n’est pas très efficace. Alors avant une grosse montée (donc une grosse descente), je décide de réparer mes freins. Bon, ça a vite fait de m’énerver, ça ne marche pas. J’ai beau appeler mon papa à là rescousse, à 1000km, il ne peut pas grand chose pour moi. Déçue de mon manque d’autonomie, je décide de prendre la route principale qui elle longe la rivière, pas de grosse descente en vue. Encore 40km, je suis bien contente d’arriver à Maribor, bien que pas trop de trafic, il faut toujours être concentré et garder la droite. Le camping est à l’opposé du centre ville. Alors à peine posé mes affaires et pris une douche, je choppe un bus pour m’amener au centre ville. Maribor est la 2eme plus grosse ville de Slovénie. Elle est reconnue pour son vin et sa gastronomie. Malheureusement j’arrive trop tard pour faire une visite de cave avec dégustation. Après 70km, difficile de trouver de l’énergie pour se promener en ville. Je vais tout de même voir la plus vieille vigne du monde datant de 400 ans. Maribor est dans le livre des records pour ce pied de vigne. C’est bien beau mais je préfère y goûter à ce vin ! Je vais donc déguster un blanc local en terrasse pour fêter ces 11jours en Slovénie.
J’ai une dernière mission avant de quitter la Slovénie : réparer mes freins. C’est mieux pour faire du vélo… Je fais trois magasins avant de trouver quelqu’un qui veuille bien prendre le temps de les resserrer. Je regarde comment il fait, j’espère pouvoir mettre en application la prochaine fois! Il est déjà 11h, je ne traîne pas. Ce soir, j’ai rendez-vous avec la Croatie ! Je suis la Drava, c’est plat tout le long cette fois-ci. Je passe par Pluj, très beau centre ville, très bondé aussi car connu pour ses termes. Les kilomètres défilent, quelques chemins en gravier. Il est 17h, et malgré que la Croatie fasse partie de l’union européenne, je dois présenter mon passeport à la frontière. Un peu surprise mais l’étonnement fait rapidement place à l’excitation. Cette journée est loin d’être finie, mais je ne vous en dis pas plus, rendez vous au prochain épisode Croate !
Ces 485km à travers la Slovénie, premier pays Balkans que j’ai l’opportunité de visiter, m’ont offerts des paysages très variés. Le pays reste encore très agricole et j’ai pu traverser des coins si paisibles où on hume la campagne. Montagnes, rivières, lacs, j’en ai pris plein les yeux en pédalant. Mais j’ai malheureusement eu aussi quelques désenchantements vis-à-vis de ce pays. J’en attendais peut-être un peu trop. Où je ne suis pas tombée à la bonne période. J’ai donc fait beaucoup de repérages, je reviendrai en hors saison, pour aussi profiter davantage des randonnées que peuvent offrir les parcs. Je pense que les Slovènes sont plus abordables en l’absence de ces milliers de touristes comme moi. Bien que moins belle, la partie Est m’a laissé de meilleurs souvenirs, les gens sont beaucoup plus souriants, il y a moins de monde, peut être plus authentique.
Mon parcours sur la Slovénie (avec des petits bugs de Komoot..) : https://www.komoot.fr/collection/1749622/-slovenie
Coucou Mathilde,
et voilà, je suis à jour pour la Slovénie. Merci de partager ton périple, on roule un peu avec toi comme ça.
Je file en Croatie maintenant!
Grosses bises et bonne continuation…
coucou Mathilde, je suis toujours admirative de ta détermination devant les difficultés.
Tu nous donnes envie d’aller y faire un voyage prochainement.
Bonne continuation. Bisous et encouragements.