Sur la route des Balkans : les côtes du Montenegro et de l’Albanie – 590km

Dimanche 4 au Vendredi 16 Septembre

Après de très belles retrouvailles à l’aéroport de Dubrovnik avec mon copain Dean, nous profitons de deux jours dans cette ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. La vieille ville de Dubrovnik est magnifique mais elle est victime de son charme et de son histoire. Même début septembre, il y a encore un monde fou. Nous errons rapidement dans l’enceinte fortifiée, vers le vieux port puis prenons de la hauteur pour admirer la ville. Mais pas de temps à perdre. Dean a été assez fou pour traverser la terre et me suivre durant un mois dans cette fabuleuse aventure. Pour cela, nous avons une première mission à accomplir : lui trouver un vélo. Alors si vous souhaitez acheter un vélo à Dubrovnik, oubliez, conseil d’ami! Dubrovnik est en pente, c’est donc la ville du scooter et non de la petite reine. La tentation est grande pour Dean qui souhaiterait davantage rouler avec un moteur… Heureusement pour moi, il y a un Intersport qui vend quelques vélos. Peu de choix, nous prenons le moins cher. Point positif : il est équipé d’un porte bagage. Point négatif : il n’a qu’un plateau… c’est un vélo de ville pour femme. Mission accomplie, c’est parti !

Il faut sortir de Dubrovnik, et ça grimpe ! J’ai achevé Dean dès le début. Pas d’échauffement pour lui, 200m de dénivelé positif sur 6km en plein cagnard, on rigole pas avec moi ! La récompense, c’est la superbe vue qu’on a sur Dubrovnik depuis la route et une glace ! Il y a toujours une bonne raison de suer. Plus habitué à la moto qu’au vélo, cette première journée a été une bonne mise en jambe. Je passe la soirée toute seule, Dean est HS. Malgré quelques courbatures, on est plus motivé que jamais le lendemain : nous sommes à quelques kilomètres de la frontière avec le Monténégro. Une petite vingtaine de kilomètres, des petites montées, Dean est obligé de pousser le vélo. Je l’attends en haut, ravie d’avoir le temps de prendre des photos. Nous passons la douane Croate puis celle du Monténégro. Et là je déchante. Nous arrivons sur la côte et je ne m’attendais pas du tout à ça. Dans mon esprit, le Monténégro est un petit pays peu urbanisé. Pas du tout. Chaque centimètre de côte est bétonné, les immeubles bouchent la vue. On m’a beaucoup vendu le Monténégro et ses montagnes. Malheureusement nous n’avons pas le temps de visiter ce pays, et puis on ne va pas gravir les montagnes avec le vélo de ville de Dean. Ça me donne une très bonne raison de revenir parcourir les montagnes du Monténégro et me donner une autre image de ce pays. Nous, nous restons sur la côte. Plage de parasols et de chaises longues. Pas un grain de sable de libre. Nous traversons les villes balnéaires, Herceg Novi, Tivat, Budva, Bar.

Premier camping près de la mer pour notre deuxième nuit au Monténégro. Dean n’est pas fan du camping et malheureusement je n’ai pas réussi à le convaincre : on a eu particulièrement très chaud cette nuit-là. J’apprends que la côte du Monténégro est la région la plus chaude d’Europe et de l’Adriatique, ça doit être lié. Enfin c’est surtout annonciateur de l’énorme orage que l’on se prend le lendemain matin ! À peine le temps de tout plier et de s’abriter dans les toilettes du camping qu’il pleut des trombes d’eau. On attend. Mais apparemment c’est prévu pour être comme ça toute la journée… donc on réserve une chambre pour être au sec, on oublie le camping. Sauf que l’on regrette rapidement, la pluie cesse pour laisser place au soleil. Tant pis, à défaut du vélo nous découvrons les alentours à pied. Ce qui fait aussi la beauté de la côte du Monténégro c’est qu’elle est bordée par des montagnes tout le long, ce qui la sépare du reste du pays. Il y a de beaux panoramas.

Nous ne sommes qu’à une soixantaine de kilomètres de la frontière avec l’Albanie. Donc le lendemain, trop excités, nous démarrons tôt. Trop tôt. Alors que de gros nuages noirs auraient pu nous alerter et les quelques gouttes qui commencent à tomber, trop têtus, nous partons de l’hôtel. 5 minutes plus tard, nous sommes trempés, il pleut des cordes, de nouveau. Je suis chanceuse, j’ai des habits de pluie, pas Dean. 5km sous la pluie à grimper. En haut la pluie cesse, le soleil arrive. Si on avait patienté une heure, nous serions secs… après ce début de journée humide, nous roulons sous un beau soleil. La frontière avec l’Albanie n’est pas en bord de mer, nous roulons dans les terres. Nous passons la douane. L’agent écrit toutes les infos au stylo, rare pays européens à ne pas être informatisé ! À peine la frontière franchie, nous découvrons la difficile réalité de l’Albanie. Il y a plusieurs mendiants, surtout des enfants et des jeunes. Je ne savais pas à quoi m’attendre de l’Albanie, peu de gens en parle, ce n’est pas un pays où l’on va en vacances. Un pays que l’on traverse pour atteindre la Grèce. Cette première journée nous réserve de belles surprises. Nous sauvons une tortue de la route et des voitures (nous ne pourrons malheureusement pas toutes les sauvées, certaines auront un destin plus tragiques…). Comme c’est tout plat et Dean commence à avoir de l’entraînement, nous pédalons 80km pour se retrouver dans un Resort au milieu de la campagne. Je ne suis pas très fan de ces hôtels resort avec grosse piscine où tout semble un peu faux. Mais on ne fait pas les difficiles, peu de choix où dormir. Et puis on a une immense piscine pour nous tout seul, je ne vais pas faire ma rabat-joie. Après s’être détendus les jambes, nous allons dans notre premier restaurant albanais. Et là, nous découvrons la gentillesse des albanais. Le serveur est adorable, nous offre un apéritif, un dessert maison et le digeo ! Gezuar !

Bon, je ne sais pas si c’est d’avoir trop mangé la veille, le digeo, la fatigue mais ce dimanche matin je ne suis vraiment pas bien. J’ai mal au ventre et une baisse totale d’énergie. J’aurai bien passé la journée allongée mais j’ai trouvé assez de force pour continuer à avancer. Nous arriverons à faire 60km car tout plat avec des pauses tous les 10km. Il n’y aura rien de particulièrement beau à voir durant cette journée mais beaucoup de faits marquants. D’abord l’Albanie, c’est comme le Monténégro, la nature est malheureusement une poubelle. Les bas-côtés sont pleins de déchets. Puis je note que le lavage des voitures est un sport national. Je n’ai pas compté le nombre de lavage automatique qu’on a pu passer. Surtout que ça doit être l’occupation principale du dimanche. On remarque aussi, comme au Monténégro, le nombre de constructions inachevées. D’innombrables murs de béton un peu partout, qui resteront sûrement vides toute leur vie. Nous avons aussi assisté à un accrochage, juste devant nos yeux, dû à une cycliste qui n’a pas regardé derrière elle au moment de traverser la route, super dangereux, heureusement plus de peur et de bruit que de mal. Ça rappelle qu’on est vulnérable à vélo, alors il faut redoubler de vigilance. C’est aussi le jour de ma première attaque de chien. On m’avait prévenu, les Balkans riment avec chiens errants. Mais avant l’Albanie je n’avais pas été confrontée. J’ai mal réagi, j’ai eu peur. Heureusement Dean est arrivé derrière et à crié sur le chien. Croyez-moi, maintenant j’ai l’air d’une furie sur chaque chien qui s’approche trop près de moi ! Mais ce que je veux retenir de cette journée et de toutes les autres en Albanie, ce sont les sourires, les “hello”, les signes de la main et les petits gestes comme ce vendeur de fruits et légumes qui a tenu à nous offrir les pêches. Les albanais sont vraiment gentils ! Ils nous l’ont prouvé à plusieurs reprises. Ce soir-là nous dormons pas loin de la capitale de l’Albanie, Tirana.

Mais le lendemain, la mer nous appelle, nous ne prenons pas le temps de visiter la capitale. Nous allons à Durrës, sur la côte. Nous passons par LA rue des garages automobiles. Un albanais nous dit que cette rue est célèbre dans tout le pays et même les pays frontaliers car pas cher et on peut y trouver toutes les pièces automobiles possibles ! Il y a beaucoup de voitures allemandes ici. Puis nous retrouvons transats et parasols avec au milieu le drapeau albanais flottant. Il fait très chaud, petite baignade pour se rafraîchir. On sent que la saison est finie, les commerces commencent à ranger les parasols, on peut voir de plus en plus de sable ! Nous longeons la mer puis l’autoroute avant d’être SUR l’autoroute ! Une première pour moi. 3km sur l’autoroute, nous n’irons pas aussi vite que les voitures mais poussés par le vent, c’est tout comme. Avec le vent dans le dos, Dean voudrait continuer mais ce n’est pas raisonnable. Je suis la voie de la raison et surtout je suis le GPS, nous retournons sur les petites routes, vent de face, Dean me déteste. 85km aujourd’hui, record battu pour Dean. Et pas besoin de perdre du temps à chercher où dormir, à peine à l’arrêt dans le petit centre ville, qu’on vient à nous. Pour 25€ nous avons un petit logement.

Et comme les propriétaires tiennent une boulangerie, le matin ils nous offrent des gros sablés aux noix.Dean est pressé d’aller en Grèce, aujourd’hui je ne l’arrête plus, j’ai même du mal à suivre ! Je le supplie de s’arrêter dans une taverne à midi, déjà 50km de fait et il n’est que 13h. On y mange très bien, salade et côte de porc au grill. J’ai besoin de force pour continuer surtout qu’aujourd’hui nous battons encore son record, 90km, c’est tout plat.

Enfin tout plat, sauf le lendemain ! 1000m D+ nous attendent pour nos vingt premiers kilomètres. Autant dire que ça va être long ! Surtout que je viens de perdre mon short de vélo, pas top pour mes pauvres fesses. 11km, déjà deux pauses, Dean commence déjà à pousser le vélo. Ça va être vraiment long. Finalement, on triche. À peine levé le pouce devant un camion benne, il s’arrête ! Ni une ni deux, nos deux vélos sont dans la benne, nous à l’avant, un peu serrés au côté du couple d’albanais. Une chance, elle a quelques mots en français, ils sont allés à Toulouse alors on baragouine. Je ne sais même plus bien parler français vu que je ne parle qu’anglais depuis le début du voyage. Quand on voit la montée jusqu’au col, on est vraiment heureux de le faire en camion. Bien que ça aurait été un beau challenge pour moi, avec le vélo de Dean ça aurait été interminable. Et je pensais qu’il nous laisserait en haut mais non, on fait aussi la descente en camion. Dommage, la vue était fantastique mais comme dit Dean, c’est aussi bien pour nos freins vu tous les lacets ! Voilà comment rendre notre journée beaucoup plus facile. L’autostop à vélo, j’adore, attention à ne pas y prendre goût. Je les remercie avec un billet car même si je ne parle pas albanais, je comprends à plusieurs reprises qu’elle me dit être pauvre comme beaucoup d’albanais. Après ces rapides kilomètres, nous repartons pédaler. Les paysages sont vraiment différents. Les villages ont plus de caractères, nous avons des vues magnifiques, c’est très différent de la région du Nord. Le fait est que nous nous rapprochons aussi de la frontière grecque. Nous pouvons commencer à déguster des plats aux influences grecques, et ça fait plaisir aussi, kebab, pain pita, poivrons farcis…

Mais il faut encore pédaler avant d’atteindre la Grèce. Encore une grosse journée de vélo, deux belles montées, presque 1000m de D+ sur 50km. Dean garde le sourire jusqu’au bout. Il y a toujours une petite carotte au bout de chaque montée, enfin pas une carotte mais une glace ou un sprite.

Nous sommes plus qu’à 25km de la frontière. Ce dernier jour en Albanie est donc plein d’excitation. Surtout que nous finissons en beauté car nous sommes dans le parc national de Butrint, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. En plus de nous offrir de très beaux coins naturels, nous pouvons visiter l’ancienne ville de Butrint. Site archéologique représentant différentes strates de l’histoire, de 50000 ans avant J.-C. jusqu’au XIXe siècle, le site est encore très bien conservé. Dean est impressionné car il n’y a pas de sites aussi anciens en Nouvelle Zélande. Je le suis tout autant. Nous sommes ravis de cette visite, annonciatrice de ce qui nous attend en Grèce ! Plus qu’une rivière à traverser, un peu de dénivelé en plein cagnard et ça y est. Nous voilà à la frontière. Bon la douane Albanaise c’est pas compliqué, ils font semblant de prendre nos passeports pour nous les rendre aussitôt. Pour la douane grecque c’est plus chaotique, nous comprenons difficilement où se présenter.

Mais ça y est, après quatre jours au Monténégro et une semaine en Albanie, nous voilà en Grèce. L’aventure peut continuer !! Je prends goût à la vie dans les Balkans ! La traversée de ces pays, peut être un peu trop rapide, m’a enchanté. La vie est simple, on prend vite le pli. Les gens sont adorables, c’est vraiment pas cher, surtout l’Albanie. Ce fut un super entraînement pour Dean, 590km déjà parcouru, c’était son objectif. Objectif atteint et on est qu’à mi parcours…

https://www.komoot.fr/collection/1830696/-debut-des-balkans-montenegro-et-albanie

One thought on “Sur la route des Balkans : les côtes du Montenegro et de l’Albanie – 590km

  1. Coucou Mathilde,
    dur dur le vélo pour Dean, avec un scooter il aurait pu te tracter dans les montées 🤪!
    Merci pour le partage et bonne continuation, grosses bises du Doubs, Michel Boubou.

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