Après presque deux mois confinés, le 13 mai 2020, la Nouvelle Zélande passe en niveau 2. Comme en France, petit à petit la vie a repris. Les lieux publics, les petits commerces et les cafés ont pu réouvrir le 14 mai. Les écoles quelques jours plus tard et les bars et restaurants une semaine après. Pas de port du masque obligatoire mais à chaque entrée dans un commerce il a fallu signer et donner nos coordonnées. Nous nous plions aux règles pour pouvoir changer d’air. Bien que je n’étais pas à plaindre au bord de la rivière avec autant de nature autour de moi, cela fait du bien de pouvoir aller faire du sport sur d’autres chemins. Quelques footings à Reefton dans les bois ou à Westport en bord de mer, ça change du bitume. Un tour de vélo près du Lac Rotoroa dans le Parc National des Nelson Lakes. (Bon je dois avouer que j’étais davantage à côté que sur le vélo, j’ai un peu rouillé durant ce confinement !). Mais en attendant, j’ai pu profiter d’une magnifique vue sur le lac – une fois le brouillard dissipé.
Le café a réouvert le 22 mai, une semaine après le déconfinement. Histoire de voir comment s’organisaient les autres cafés avec les nouvelles mesures sanitaires. Le temps aussi de redonner un peu d’éclat au café car araignées et poussière ne se sont pas arrêtées durant le confinement. Nous ouvrons seulement quatre jours par semaine, du vendredi au lundi, pour permettre à ceux qui prennent la route le week-end d’avoir un café chaud ou une bière fraiche suivant l’heure. Nous avons eu pas mal de soutien, des locaux ravis de voir le café de nouveau ouvert. Il y a eu des week-ends sans (un dimanche, on a du voir dix clients dans la journée, et encore, j’exagère peut-être…). Et il y a des week-ends avec (il y a eu un week-end de trois jours pour le Queen’s Birthday où on s’est cru en été à courir en cuisine, en salle, à la machine à café et la vaisselle qui s’empile…).
Et je dois dire que j’étais contente d’avoir ces trois jours de repos me donnant ainsi l’occasion de partir un peu plus loin. Le déconfinement arrive en même temps que l’hiver. Alors avant qu’il ne fasse trop froid, je suis partie à Arthur’s Pass National Park. Dans le nord de l’île du sud, il y a deux routes principales qui joignent l’ouest à l’est. La Lewis Pass et la Arthur’s Pass. Habitant près de la Lewis Pass, c’est cette route que j’ai principalement emprunté pour me rendre à Christchurch. Pour aller au parc national de l’Arthur’s Pass, il y a 200km. Il m’a bien fallu trois heures de route en comptant un stop au lac Brunner, un coin que j’affectionne pour son calme et sa tranquillité. Arthur’s Pass est très célèbre pour ses montagnes et ses randonnées dont les clients qui ont eu la chance d’y aller en vantaient les paysages. Ma jalousie grandissante et ma curiosité piquée, ce fut mon tour de découvrir ce coin de la Nouvelle Zélande. Lentement mais surement, ma petite voiture et moi arrivons à Arthur’s Pass village en début d’après-midi (740m au-dessus du niveau de la mer). J’en ai déjà pris plein les yeux en chemin avec à ma gauche des montagnes aux sommets enneigés et à ma droite les sommets des montagnes enneigés aussi. Je passe par l’office du tourisme pour prendre connaissance des différentes randonnées possibles. Il faut oublier la plus célèbre Avalanche Peak track qui demande crampons et équipements pour l’achever à cette période. Mais pas de quoi être démotivée. Cette après-midi, je pars marcher à la Temple Basin track, indiqué trois heures de marche. Tout en zigzag, la montée offre une très belle vue sur le versant opposé mais qui à mesure que je grimpe, se cache dans le brouillard. L’occasion aussi de marcher dans les premières neiges de l’année. C’est fou comme en si peu de temps je suis dépaysée et malgré que le brouillard m’empêche de profiter d’une vue à 360°, je suis toute excitée. Je redescends en courant, histoire de me réchauffer.
Le soir, j’ai trouvé une auberge de jeunesse (la seule) à Arthur’s Pass village. Pour $30 la nuit, j’ai une chambre et une cuisine/salon chauffé avec douche chaude. Et le plus surprenant c’est que tout marche sur la confiance. Bill, le propriétaire habite à Christchurch. Tout se passe par téléphone, il donne le code d’accès et à nous de laisser l’argent dans la caisse avant de partir. J’adore. Ca fait plaisir que certaines personnes arrivent à encore faire confiance. L’auberge accueille jusqu’à 8 personnes, je partage les deux nuits seulement avec un Taïwanais qui est venu aussi profiter des randonnées. On échange sur nos aventures néozélandaises et j’en apprends davantage sur Taïwan.
Le lendemain il fait grand beau ! Alors je saute vite du lit, et dehors ma voiture gelée m’attend !! Je dois avouer que c’est la première fois que je dois gratter le pare-brise en Nouvelle-Zélande. A peine quelques kilomètres, et voilà que le soleil se lève sur les sommets enneigés. Magnifique. La journée s’annonce très bien. Je pars à l’assaut de la Bealey Spur track, 12km aller/retour. Alors que la chaleur se fait ressentir dans la montée sous le soleil, le sol est encore tout gelé. Je m’amuse toute seule avec mon appareil photo. Entre les petits lacs, la nature figée et la vue impressionnante sur les montagnes, les sujets ne manquent pas. Le sommet se mérite à 1550m mais quel régal. Malgré les pieds froids et trempés par la neige, et le vent, je me pose au bord du tas de cailloux qui indique le sommet. Pique niquer avec cette vue, ce n’est pas tous les jours. Et puis maintenant il faut tout redescendre ce que je viens de monter. Il doit être presque midi, et il y a beaucoup plus de monde sur le chemin. Je suis ravie d’être partie tôt et de n’avoir à partager le sommet avec personne. Beaucoup de français !! J’ai l’impression d’être dans les Alpes en France. Le retour en courant est forcément plus rapide. Du coup, après un chocolat chaud mérité, je pars voir la Devil’s Punchbowl Falls, une cascade de 131m. Mes jambes se souviennent encore de toutes les marches à monter pour y accéder…
Et comme j’ai encore un troisième jour, j’en profite ce jeudi matin pour aller à Castle Hill. C’est à 45 minutes en voiture en direction de la côte est. Castle Hill tire son nom des nombreuses et immenses roches de calcaire qui forment (et c’est vrai !) comme une ancienne ruine de château. Je m’attendais donc à voir des rochers mais j’ai été très surprise par la taille de ces rochers et la vue (toujours !) qui s’offre autour de nous. C’est un vrai parc de jeu, même pour les grands enfants. Il y a aussi des grimpeurs qui s’amusent dans les rochers. J’ai vraiment adoré. Je les avais presque pour moi toute seule ces rochers. Pour vous rendre compte de l’atmosphère, vous pouvez (re)voir la bataille finale du Monde de Narnia – Chapitre 1 (disponible sur Youtube). On s’y croirait presque. Les montagnes sont spectaculaires. Et prendre la route jusque là est simplement grandiose (je suis en manque de qualificatifs !). Vous l’aurez compris, je suis tombée amoureuse du coin. Malheureusement il faut rentrer, cela tombe bien, vers 13h la pluie s’abat, il est temps de retourner au café.
Quatre jours de boulot, et me voilà de nouveau en week-end. Cette fois j’emmène Dean avec moi, et tous les deux on en profite pour aller vers Picton. Je connais déjà un peu mieux ce coin. La région des Malborough Sounds est une de mes régions préférées en Nouvelle Zélande. Les nombreuses péninsules, îles, criques et baies au milieu d’une eau turquoise offrent de magnifiques panoramas. Malheureusement, on ne sera pas chanceux, trois jours de repos, trois jours de pluie. Alors à défaut d’aller marcher, on prend la voiture pour découvrir une infime partie de cette région. Le long d’une route en gravier, on aperçoit les nombreuses fermes de moules. Malgré la pluie, nous sommes charmés.
Quelques semaines plus tard, nous arrivons de nouveau à nous libérer tous les deux et cette fois nous partons tout au nord de l’île du sud, dans la Golden Bay. Il y a un peu plus de route pour s’y rendre. Mais une fois là-bas, on a l’impression d’être au paradis. Dean nous dégote une petite maison rien que pour nous deux à très bas prix (basse saison et covid-19 aidant). Une vue imprenable depuis le salon sur la mer. On passe notre première soirée dans un bar de Takaka. Ce petit village est réputé pour accueillir les hippies. D’ailleurs on passe une très bonne soirée près du feu en compagnie d’un hippie et d’un anglais. Le lendemain, il est à peine 8h, je me prépare pour un petit footing en bord de mer. Le froid en ce début de matinée pique un peu, mais quel plaisir de courir avec le soleil qui se lève tout juste sur la mer. Je passe par l’Abel Tasman Monument construit en 1942 pour les trois cents ans de l’arrivée du colon. Je retrouve Dean pour le petit-déjeuner avec vue sur la mer. Et on part en direction de l’Abel Tasman National Park. Là aussi, il y a énormément de randonnées à faire. Dont la great walk, une randonnée de 60km en bord de mer. Vue panoramique assurée. J’avais déjà fait un bout avec mes parents il y a deux ans, cette fois je fais l’autre bout. Nous avions décidé de faire seulement une dizaine de kilomètres avec Dean, et revenir en bateau-taxi. L’idée était trop belle. Car effectivement l’aller s’est très bien passé, la randonnée offre de très beaux points de vues, les plages sont paradisiaques et les forêts luxuriantes. Awaroa, notre point d’arrivée est accessible uniquement à marée basse, on est tombé au bon moment. Mais une fois à Awaroa, un guide du DOC (Department of Conservation, ministère de la conservation qui s’occupe de la conservation du patrimoine naturel et historique du pays) nous informe qu’on a très peu de chance d’avoir un bateau-taxi si nous n’avons pas réservé… Indiqué à 14h30, nous courons jusqu’à la plage (pas à côté…) et effectivement, aucun bateau ne nous attend… La brochure indique les horaires d’hiver, mais pas un hiver après Covid-19… plus de touristes, plus de bateaux. Donc maintenant, il faut de nouveau que l’on court si on ne veut pas être coincé par la marée qui monte, qui monte… Là je n’ai plus beaucoup de force, nous n’avions pas prévu de rentrer à pied, heureusement j’ai quelques mandarines. Mais la panique m’envahit un peu quand je vois Dean essayant de traverser en slip où après seulement deux pas l’eau est déjà au niveau du ventre… Je ne vais pas sacrifier mon téléphone et appareil photo en rentrant à la nage ! Mais chanceux, le gars du DOC vient avec son quad à notre rescousse. Il doit en voir des touristes comme nous ! Alors il nous emmène plus en amont, là où normalement l’eau arrivera au niveau des genoux. L’eau (très froide !) nous arrivant davantage au niveau des hanches, nous franchissons finalement le plan d’eau. La situation était vraiment comique mais dans la panique je n’ai même pas pensé à faire des photos !! Je vous laisse donc imaginer. Et ce n’est pas fini. Car une fois rhabillé, nous essayons d’amadouer un p’tit vieux qui s’occupait de son bateau, à nous ramener au parking (à 8km). On est tombé sur un p’tit grincheux qui a fait semblant d’être à moitié sourd. Nous voilà donc exténués, et maintenant il reste encore 8km… On a pris le chemin dans l’espoir de faire du stop. Il aura fallu faire la moitié pour qu’enfin on trouve nos sauveurs. Je n’ai plus fait un pas de la soirée !!
Ce weekend se finit au Cap Farewell. De l’autre côté de la Golden Bay, je m’y étais déjà rendu deux ans plus tôt. Les falaises sont toujours aussi impressionnantes et verdoyantes. Dean me propose d’aller marcher sur le Farewell Spit histoire de m’achever. Bien que plat, cette looongue bande de sable s’étend sur plus de 20km. Autant dire que c’est interminable. D’ailleurs on aura peut-être fait seulement la moitié. Et sur la carte on dirait que cette petite bande de sable est très étroite, mais en y regardant bien, ce sont des dunes de sable à perte de vue.
Le mois de juillet est arrivé, j’ai passé du temps dans les alentours, au café. Il a fallu commencer à organiser et ranger mes affaires. Malgré des témoignages de français sur des vols annulés, j’ai pris un avion pour la France le 24 juillet. La fille de ma collègue m’a aussi gentiment proposé de l’accompagner une matinée. Elle est guide touristique pour Underworld Adventures qui propose des tours de rafting et de visites de grottes. Je ne suis pas une très grande amatrice de grottes mais l’occasion était trop bonne. Au final j’ai passé un super moment et je reste encore rêveuse de tous les vers luisants formant une voie lactée sous terre.
Et j’ai pu profiter des paysages de la Nouvelle Zélande jusqu’au bout. Nous nous offrons un week-end avant mon départ. Je m’envole à Nelson, l’occasion de repartir dans les Malborough Sounds. Cette fois, c’est vers le port de Havelock que nous avons séjourné. Havelock est la capitale de la moule verte. Au port, le mail boat propose d’emmener des touristes à la journée et de faire la tournée avec eux. On part donc distribuer le courrier à ceux qui ont la chance de vivre dans des petits coins de paradis souvent accessibles seulement en bateau. L’eau turquoise donnerait presque envie de s’y baigner mais le vent glacial sur le bateau nous rappelle que nous sommes bel et bien en hiver.
Je quitte donc l’hiver néozélandais sur une très belle note pour retrouver la canicule française. Pour ceux qui s’inquièteraient que je puisse avoir ramené le Covid-19 avec moi, je vous rassure sur l’île du sud il n’y avait plus aucun cas, et dans l’avion entre visière ET masque et les distances de sécurité, je n’ai pas eu de contact, je suis restée dans ma bulle. Ce fut long… Et un test PCR gratuit à l’aéroport pour n’avoir aucun doute. Maintenant je peux profiter pleinement de mes proches et des plaisirs français.
Que d aventures ! Toujours bien raconté que ça donne envie d y retourner….
On n a rien vu de ce pays finalement.
Mais c’est si loin !
En France tu verras, c’est pas mal aussi les montagnes…
Merci Mathilde pour ton nouveau récit, avec ton talent d’écrivaine tu nous fais toujours rêver, gros bisous et bon séjour en France, Michel.